Freyr Haltyr, Loup comme Libre [terminé]

En quoi ma gueule vous intéresse, uh ? Vous voulez pas une photo plutôt, ça ira plus vite ? Quoi nan ? Tain vous faites chier !
Bon bon, ok… Mais je vois pas ce qu’il y a à dire.
Je suis un hybride quoi. Un hybride de loup tout ce qu’il y a de plus classique. J’ai deux bras, deux jambes, une queue… Quoi ça vous le savez et vous vous en fichez ? Faudrait savoir !
Plus de détails, pff… Mais c’est pas intéressant ! Bon puisque vous insistez…
Bah… J’ai des cheveux noirs. Une belle crinière aussi sauvage que leur propriétaire quoi ! C’est pratique, elle cache bien mes oreilles. Noires elles aussi, évidemment ! Et puis une belle queue noire, dont je suis plutôt fier en vérité. Je la tiens droite quand je cours, et les poils longs volent au vent comme un drapeau ! Bah quoi, faut bien s’amuser dans la vie, non ?!
Ma peau n'est pas noire par contre, pff, ça me déprime. Bah ouais, j'aurais bien aimé une belle peau noire, assortie à mes poils, ça aurait été la classe ! Mais non, j'ai une peau aussi désespérément blanche que celle des habitants du pays, pff... C'est chiant, ça craint le soleil !
A part ça… J’ai des yeux dorés. Ouais, tout doré ! Moi je m’en fiche de vos métaux précieux, mais j’aime bien leur couleur, à mes yeux. Parait qu’elle est flippante. Pfeuh, bande de pétochards !
Et puis sinon je suis comme tout le monde hein. Ni trop grand ni trop petit, avec des beaux muscles façonnés par la vie sauvage et des côtes saillantes parce que franchement j’ai du mal à manger tous les jours dans votre monde de dingue.
Ca vous va comme ça ou vous voulez aussi connaître la couleur de mon slip ?
QUOI ?! Ben allez vous faire voir !

Sérieusement, vous voulez pas que je vous donne mon mode d’emploi aussi ? Tain vous déconnez là ?!
Bon ok, alors, je suis le meilleur du monde et j’ai le caractère le plus doux que vous ayez jamais vu !
Nan, je déconne. En vrai il parait que je suis grincheux. Hé, je suis un loup quand même ! J’aime faire ma vie comme je l’entends sans contrainte ni entrave. Je suis de ceux qui aiment la liberté et rêvent du vent et des grands espaces chaque fois que la Lune se lève. Mon pays me manque et mon histoire m’a rendu méfiant et agressif envers les humains. En plus je ne sais pas à qui je peux me fier. Je ne fais confiance à personne, c’est encore la meilleure façon de préserver ma jolie queue. Du coup forcément, au premier abord je ne suis pas vraiment amical, même envers mes congénères. En revanche je suis loyal envers mes alliés… quand j’en ai. Les loups vivent en meute, et dans une meute on s’entraide et est solidaire. Bien malgré moi, c’est un instinct qui ne me quitte pas. Je joue aux durs parce qu’il faut être sans pitié pour survivre, mais en dedans je suis un tendre qui recherche la paix.
Je ne suis pas très érudit et je ne sais pas lire. La diplomatie et les belles phrases, c'est pas trop mon truc. Je sais compter en revanche, enfin seulement jusqu’à 100, c’est indispensable pour chasser. Par contre j’apprends facilement, et je m’adapte facilement. C’est un des plus grands atouts des loups, qui leur a permis de coloniser la planète. Hé oui, on en trouve partout sur le globe ! Enfin trouvait plutôt, car les humains, encore eux, ont été responsable de leur massacre à peu près partout.
En vrai je suis plutôt curieux, ce qui m’a déjà causé du tort. Heureusement que j’ai en moi le côté méfiant et craintif du loup qui m’a souvent gardé de mésaventures.
A part ça… Bah vous l’avez remarqué je suis un tout petit peu impulsif. Têtu aussi. Mais bon…

Mon histoire commence comme toutes les autres histoires, par la rencontre de mes parents. Les miens étaient des loups. Enfin des hybrides loups. J’ai hérité de la couleur noire de ma mère. Mon père était gris, mais d’un gris magnifique ! Quand il a eu l’âge, il a quitté sa meute pour fonder sa famille, et rejoint celle des parents de ma mère. C’est ainsi que je suis né, quelques années plus tard, dans les terres sauvages d’Islande.

Nous vivions en meute, tranquillement. Il y avait mes grands-parents, du côté de ma mère, noirs tous les deux. Ma mère, son frère, noir aussi, sa compagne, toute blanche, leur fille, une très belle louve gris-roux de quelques années mon aînée, et moi.
Nous vivions paisiblement, au rythme des saisons, parcourant les terres sauvages et fuyant les hommes, dont j’ai appris à me méfier très tôt. A l’époque, je n’en avais encore jamais rencontré, mais mes grands-parents disaient qu’il fallait s’en méfier et à tout prix les éviter. Il racontait toujours qu’avant les hommes ne savaient pas que nous les hybrides existions, et que c’était très bien comme ça. Mais qu’un jour ils nous ont découverts, et que depuis il faut faire encore plus attention, car ils nous traqueraient sans répit s’ils apprenaient notre existence.

Les années ont passé ainsi, et j’ai grandi dans ma famille en apprenant à être un loup. Un loup fier, un loup sauvage, vivant de la pêche, de la chasse et des fruits sauvages, un loup amoureux de la nature et de sa liberté.

Les choses ont commencé à changer quand Naïa, ma cousine, a eu l’âge de partir à la recherche d’un fiancé. Nous partons tard dans la famille, quand nous sommes réellement prêts à nous débrouiller seuls. Moi j'avais 19 ans environ, mon tour viendrait dans deux ou trois ans seulement. Bref, le refus de mes grands-parents et de mon oncle et tante de la laisser partir à cette époque de l’année, en milieu d'automne, ont créé des tensions dans notre groupe familial. Mais malgré l’interdiction, Naïa est partie.
Quelques semaines plus tard, mon oncle et ma tante ont décidé de partir à sa recherche, espérant qu’il ne lui soit rien arrivé. Des hommes étaient proches de notre territoire, à la recherche des dernières prairies de l'année pour faire paître leurs troupeaux avant de les rentrer, et mes grands-parents redoutaient qu’ils nous aperçoivent.
C’est probablement ce qui s’est passé pour Naïa, puis pour mon oncle et ma tante, car peu après des chasseurs ont envahi notre territoire. Malgré tous nos efforts, ils ont fini par nous trouver après trois mois de traque. L’hiver nous avait affamés et permis aux chasseurs de repérer nos traces.

Ce jour-là a été le premier jour le plus sanglant de mon histoire. Mes grands-parents ont voulu nous couvrir, mes parents et moi. A contrecoeur, nous avons fui en les laissant en arrière. Mais c’était vain. Ils nous ont rattrapés. Mon père est mort sous mes yeux en nous défendant, et ma mère et moi avons été pris. A 19 ans, je me suis retrouvé enfermé dans un centre glauque. J’ai vu d’autres hybrides pour la première fois. Certains comme moi étaient révoltés d’être enfermés. D’autres avaient l’air content d’être là.
Je suis resté quelques mois, pendant lesquels les dresseurs n’ont rien pu tirer de moi. Je suis un loup, pas un chien. On n’apprivoise pas une bête sauvage en la mettant en cage. J’ai appris pendant mon séjour que les gens comme moi étaient traités comme des animaux, et encore. J’ai vu avec dégoût certains de nous être utilisés comme des étalons et des mères porteuses, d’autres servir de jouets ou d’esclaves. J’ai vu ma mère être exploitée par des hommes et mettre fin à ses jours. Puis j’ai réussi à m’enfuir en feintant la mort, et à voler des armes en attaquant un garde : deux dagues qui ne me quittent plus, bien cachées sous ma veste.

Le centre était sur une île minuscule, dont j’ai rapidement fait le tour. Pour échapper aux gardes, je me suis caché dans la cale d’un bateau. J’y suis resté des jours, et j’ai cru que j’allais mourir de faim, jusqu’à ce qu’il s’amarre dans un port. J’ai alors pu filer en douce. Je me suis retrouvé sur la terre des Anglais. J’ai essayé d’y survivre en me cachant dans les forêts, pour vivre comme je le faisais avant tout ça, mais un loup tout seul sur la terre des hommes n’a que peu de chance… J’ai rapidement compris que pour me nourrir je devais me rapprocher des villes, malgré ma sainte horreur de ces endroits et de la densité de population qui s’y entasse.
Après quelques mois, j’ai eu vent de l'existence d’un petit groupe mené par un mystérieux "Watcher" qui s’est donné pour objectif de rendre la liberté aux hybrides. Si cela veut dire que j’aurai une chance de rentrer chez moi, alors mon devoir est de la saisir. Mon objectif est donc à présent, outre de survivre, d’aller trouver ce "Watcher" pour lui demander ce qu’il compte faire. Hé, je suis pas un pantin, je vais pas suivre bêtement le mouvement sans savoir dans quoi je m’engage quand même !