Elros, renard polaire[Terminé]

Elros naquit par une froide nuit d’hiver. Deux ans avant cet heureux évènement, les parents du petit garçon avait intégré un camp d’hybrides sauvages, pensant que l’union faisait la force et qu’avec d’autres congénères, ils auraient plus de chances d’échapper aux humains qui les chassaient. Ils ne voulaient pas être esclaves des humains et ils s’étaient promis de tout faire pour protéger leur fils de ces êtres qui ne pensaient qu’à les asservir.

Ce fut pour cette raison que dès qu’Elros fut en âge de comprendre, ses parents lui expliquèrent qu’il ne devait surtout pas s’approcher des humains, parce qu’ils lui feraient du mal. Alors, dans sa tête de petit garçon, Elros imagina que les humains devaient ressembler à d’horribles monstres effrayants pour que ses parents lui en parlent ainsi. Donc, il posa la question. Il voulait savoir à quoi ressemblait ses êtres maléfiques qu’il devait éviter. Et il fut surpris d’apprendre que les humains ressemblaient beaucoup aux hybrides. Que la seule différence entre les deux espèces était l’absence d’attributs animaux chez les humains. Du coup, Elros ne comprenait pas pourquoi ceux-ci faisaient du mal aux hybrides, étant donné qu’après tout, ils n’étaient pas si différents que ça. Mais ses parents n’avaient aucune réponse à lui fournir, car ils ne le savaient pas eux-mêmes.

Elros grandit ainsi auprès des siens. Il ne s’aventurait jamais bien loin du camp, car il y avait toujours son père ou sa mère pour le surveiller comme le lait sur le feu et puis, malgré sa curiosité, il n’avait pas vraiment envie de croiser l’un de ces fameux humains.

Mais tout changea un matin d’été. Le jeune hybride était âgé de douze ans passés de quelques mois, à présent. Ce jour-là, Elros fut réveillé en sursaut par des cris. Il soupira. Non, pas encore. Déjà qu’il avait eut du mal à trouver le sommeil à cause de deux hybrides femelles du camps qui avaient passé une bonne partie de la nuit à se disputer. La raison de la discorde lui avait échappé, en revanche. Mais il avait l’ouïe fine, lui et si d’habitude les bruits ambiants ne le gênait pas plus que ça, les hurlements des deux femelles, eux, avaient été bien plus gênants.

Mais il se leva quand même, se demandant pourquoi toute cette agitation. Oui, là, ce n’était pas juste une petite dispute entre deux voisines. Ses parents, eux, étaient déjà debout bien avant lui. Et c’est en les cherchant qu’il vit ce qui se passait. Là, il commença à paniquer. Il entendit alors un bruit derrière lui, mais il n’eut pas le temps de se retourner que sa mère se précipita sur lui, lui pris la main et lui cria de courir. Elros obéit sans réfléchir, mais ne put s’empêcher de jeter un œil derrière lui. Un humain. Un humain emmenait son père il ne savait où.

Et même si sa mère tentait de l’encourager avec des paroles rassurantes, il était terrifié. Le duo continua de courir comme ça à travers la forêt jusqu’à ce qu’ils n’entendent plus aucun bruit. Tous les hybrides du camp qui n’avaient pas été capturé s’étaient dispersés dans la panique générale, il ne restait plus qu’eux deux. Ils s’étaient arrêtés près d’un petit ruisseau, afin de se désaltérer un peu. Malheureusement, l’escapade des deux hybrides s’arrêta là. Une embuscade. D’autres humains étaient parvenus à les prendre par surprise.

En réalité, ils faisaient partie du groupe qui avait attaqué le camp. Mais se doutant que certains hybrides essayeraient de s’enfuir, une petite partie du groupe des humains n’avait pas participé à l’assaut, jugeant plus judicieux d’aller se cacher quelque part afin de pouvoir piéger les hybrides qui passeraient à proximité. Ils avaient trouvé ce point d’eau un peu par hasard, en fait. Et ils s’étaient dit que c’était l’endroit idéal. Les éventuels hybrides fuyards passeraient forcément par là afin de s’hydrater. Les humains avaient vu juste. L’ouïe développée d’Elros et sa mère ne suffit malheureusement pas. Tout se passa très vite, ni Elros ni sa mère n’eurent le temps de faire quoi que ce soit. Le plus jeune sentait alors la fatigue le gagner de plus en plus. Ses paupières devinrent lourdes et il finit par perdre conscience.

Elros atterrit dans un centre de dressage, mais lui, il ne savait pas quel était cet endroit étrange dans lequel ses humains l’avaient envoyé. Cependant, il observa qu’il y avait aussi d’autres hybrides comme lui, mais il ne reconnaissait aucun d’entre eux. Autant dire que les premiers temps furent difficile pour Elros, habitué depuis toujours à avoir ses parents auprès de lui. Mais il songea qu’il ne les reverrait sans doute jamais.

Puis il comprit vite que ne pas obéir aux humains lui coûterait des punitions alors autant faire ce qu’ils voulaient, car en plus, quelquefois, il avait droit à une petite friandise. Malgré tout, l’humain chargé de son dressage était un homme ni trop dur, ni trop gentil et il était juste. Si Elros était craintif au début, au fil du temps, il finit par s’y habituer et il commençait même doucement à apprécier cet humain qui était loin d’être un monstre. Ce fut grâce à lui qu’Elros apprit tout d’abord les bases, c'est-à-dire, lire, écrire et compter, avant de passer à des tâches plus spécifiques. Il ne posa pas de problème, ne voyant aucun intérêt à se rebeller. Elros se comportait bien et assimilait facilement ce que l’homme lui apprenait.

Les années passèrent, jusqu’au jour ou l’homme annonça à l’hybride qu’il allait prendre sa retraite. Curieusement, cela correspondait au même jour ou Elros devrait partir pour l’animalerie. Mais il ne voulait pas aller là-bas. Bien sûr, il garda cette pensée pour lui. Mais quand on vint le chercher afin de l’emmener en boutique, ce qui rassurait un peu Elros, c’était de garder l’espoir que quelqu’un viendrait le sortir de la cage dans laquelle on allait l’installer. Oui, il s’était écoulé sept ans depuis que les chasseurs l’avaient capturés et il espérait rester le moins longtemps possible à l’animalerie.