Un air de guitare [Terminé]

Lorsqu'il avait vu le jour, Seiji avait fait de ses nobles parents les personnes les plus heureuses du monde. Nan. C'est faux. Il était né entre deux viols d'un maître aristocrate habitant à Londres sur son esclave hybride fraîchement arrivé du Japon. Celle-ci dû se débrouiller seule pour élever son fils, le gardant près d'elle voir collé à elle afin de lui éviter de ne voir les misères de la vie. Là bas dehors.

Il était comme sa deuxième peau. Jamais elle ne le laissait s'éloigner de trop par peur qu'on ne lui prenne. Son père ne le regardait jamais et de toute manière, il avait tellement peu de présence qu'il passait souvent inaperçue. Toujours caché derrière sa mère, Seiji avait quand même appris à s'occuper de lui lorsque celle-ci devait faire des corvées. Un jour alors que son père était sortis, Seiji avait discrètement allumé la télé. A cette heure ci il y avait les chaines de musique et un style de musique lui importait plus que les autres ... Le rock. D'aussi loin qu'il se souvienne il n'avait que huit ans mais qu'est ce qu'il voulait être à la place d'un des membres du groupe qu'il admirait tant...

Ses petits yeux de félin brillaient dès qu'il entendait leurs mélodies et très vite il se mit à les imiter comme tout enfant qui aime quelque chose. Sa mère attendris par cette scène avait ébouriffé ses cheveux et lui avait souris gentiment, récoltant un calin du garçon timide mais affectueux.

Lorsqu'il fut un peu plus grand, son père voulait qu'il apprenne les ficelles du métier d'esclave. L'argenté hocha simplement la tête avant d'aller avec sa mère pour écouter ses conseils. Il n'en avait rien à faire de tout ça. Faire les taches ménagères n'étaient pas non plus insurmontable et si on le faisait bien c'était vite terminé. Il fut donc en "stage" durant son adolescence, apprenant les ficelles du métier pour ensuite arrivé à l'âge de la maturité. A ses dix huit ans, il fut seule car sa mère était dans la "pièce". Celle où on pouvait rester enfermé plusieurs jours pour satisfaire celui qui était son géniteur. Tête basse, il était sortis en douce de chez lui pour la première fois, ne voulant pas rester dans cette maison à l'atmosphère plus que pesante. Il n'avait jamais mis les pieds dehors et n'était jamais sortis avec personne, ni même eut de contact avec les autres. Alors lorsqu'il rencontra un garçon de son âge en pleine rue, il s'était arrêté presque subjugué.

Il le trouvait tellement lumineux et beau. Mais il avait peur. Peur qu'il soit mauvais au fond. Alors il tourna les talons et partis sans un regard en arrière en proie avec ses interrogations et ses doutes. Comment agir avec les autres ? Comment surmonter ce mur qui s'était forgé au fil des années entre lui et le reste de l'humanité? Pouvait-il le faire? Devait-il le faire surtout?

Seiji se mit dans un parc dans un coin et il attendit. Encore et encore afin de trouver les réponses à ses questions. Mais rien ne vint et le mauvais temps le força à rentrer. Sa mère était là et l'attendait avec ce sourire qui lui donnait envie de fondre en larme du haut de ses dix huit ans. Un sourire sincère et d'excuse. Courant dans ses bras, elle le rassura sans aucun mot, cela était inutile entre eux. Seiji se laissa aller et il fut surpris de la voir se séparer de lui rapidement pour aller chercher quelque chose.

Une guitare électrique.

Elle lui tendit en souriant toujours.

"Joyeux anniversaire Seiji, que tu puisses poursuivre ton rêve."

Là, sa carapace neutre se brisa petit à petit jusqu'à tomber en miette, laissant enfin les larmes couler sur ses joues. Il prit la guitare en hochant la tête et la serra contre lui de toutes ses forces. Il savait que sa mère avait surement dû faire des choses aussi dégradante qu'affreuse pour que son père accepte de lui payer cette guitare. Aussi il alla la remercier chaleureusement, lui souriant à son tour, des étoiles pleines les yeux. Ronronnant légèrement, le félin s'activa à tout de suite l'essayer sous les yeux de celle qui lui donnait une chance d’accéder à son rêve.

Il en jouait nuit et jour, cherchant à se perfectionner pour lui aussi offrir un cadeau à sa mère. Une musique qu'il voulait composer pour elle et juste elle. Maintenant âgé de 23 ans, il savait qu'il pouvait lui offrir.

Alors il fit le repas, fit les taches ménagères pour ensuite l'emmener dans la cours et jouer avec son coeur. C'était une musique entraînant au début puis plus douce vers la fin, racontant ainsi la vie émotive de Seiji. Lorsqu'il eut fini, son père sortis de la maison en furie criant sur lui à cause de l'heure tardive. Seiji fit comme à son habitude. Il haussa les épaules et roula des yeux, lui montrant clairement qu'il s'en fichait. L'homme en face de lui l'attrapa par le col et il le fixa.

"Ah tu t'en fiche hein? Cette guitare c'est moi qui te l'ai acheté et je peux la reprendre tout aussi facilement."

Et il lui arracha sans plus de cérémonie. L'argenté cligna des yeux et il eut de seconde de réflexion avant de sauter à la gorge de cet homme qu'il haïssait au fond de lui. Sa mère choquée se leva et tenta de résonner son fils, qui commençait à arracher un bout de peau à la force de ses canines. Il grogna sur elle, ce qui la fit reculer et c'est la bouche en sang qu'il se rendit compte de son geste. Il se leva comme un robot, les larmes aux yeux. Il tendit sa main tremblante vers elle avant de se raviser.

"Je suis désolé." souffla t-il

Il reprit sa guitare et se mit à fuir sa maison, essuyant le sang au passage encore présent sur ses lèvres et son menton d'un simple revers de bras. Il avait fait peur à sa mère. Il l'avait vu dans son regard. Il était un monstre. Pourquoi il ne s'était pas contenu comme toutes les autres fois? Encore une fois, il l'ignorait. Se réfugiant dans le parc, il ne fut pas surpris d'entendre les sirènes de police résonner autour de lui et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il fut emmené. Pas chez lui car son père ne voulait plus de lui. Mais à la boutique grâce à son physique atypique. Il ne sait pas ce que devint sa guitare, ni sa mère d'ailleurs.