Ash Keynes

On a tous une vie. Chacune est différente. La mienne partait d’un départ triste pour finir assez bien. C’est rare, je pense, que cela se finisse bien. Car dans la vie, les « Happy End » sont assez rares…

Je suis né dans un hôpital, d’une mère X. X pour inconnue. Elle n’a pas voulu de moi. Peut-être qu’elle n’osait pas avorter, peut-être qu’elle avait pensé jusqu’au bout pouvoir m’élever mais n’en a pas eu finalement la force ou le courage. Ou bien alors une autre raison.
Quelle qu’elle soit, je ne la saurais jamais. Aussi, je n’avais pas de père. Sans parents, on aurait pu m’adopter. Mais les gens vont souvent d’abord voir dans les pays étrangers au leur… Alors on me plaça en orphelinat. Je vécus là comme je le pus, me battant et me chamaillant avec les autres enfants pour avoir à manger à ma faim, pour avoir un jouet convoité, etc.

Mais le temps passait et je grandissais. On aurait pu me mettre en foyer d’accueil mais les familles préféraient recueillir le petit dernier arrivé qui avait perdu tragiquement ses parents. Allons bon, je n’étais pas idiot même en étant enfant. Jamais je ne connaitrais le bonheur de vivre en famille, de recevoir ma Noël avec plein de cadeaux, de me sentir aimer comme un fils. C’était douloureux mais je gardais cela en moi. A quoi bon le montrer à part avoir l’air pathétique ?

Puis vint l’adolescence où je quittais le droit chemin totalement. Je ne sais plus quel est le jour où cela a commencé vraiment. Quel était le jour où je suis tombé dans la merde comme un débris ?

Quoi qu’il en soit, je me suis foutu dans la merde sans même m’en apercevoir. J’avais trouvé des gens, ils m’avaient donné une utilité, et le gosse que j’étais encore se pensait heureux. Un gang de rues dans le quartier pourri de Londres. Pour beaucoup, c’est le mal. Pour moi, ce fut une famille. Une famille certes étrange où je ne recevais pas de cadeau ni l’amour parental mais où j’étais utile et avais une certaine importance. Au début, je n’avais rien à dire, c’était nouveau, j’étais heureux. Mais plus le temps passait, plus je me rendais compte que ce que le groupe – le gang devrais-je dire – faisait était mal. Mais je n’étais pas le mieux placé pour en faire part aux autres. D’autant plus que de gamin, je devenais homme.

A ma majorité environs, je devais avoir 18-19 ans, on me fila une arme. Avec d’autres, on m’avait confié de buter des types d’un gang adverse qui nous posait problème. Mais je me voyais mal tuer des gens. Je pense que c’était un moyen de voir notre fidélité au clan. Mais ôter une vie, c’était un acte barbare. On était en bande, avec de la chance, je n’avais peut-être rien à faire, les autres feraient pour moi. Mais cela ne se passa pas comme prévu. J’ai eu peur. C’était normal sans doute. Et je me fis toucher. Je fus ralenti, j’eu du mal à fuir avec le reste du groupe, je me fis salement tabasser. Et ceux que je portais dans mon cœur comme ma famille ne me sauvèrent pas. Ils me laissèrent pour mort ou presque. J’avais mal. Autant physique que dans mon cœur. J’aurais même pu dire qu’il saignait d’un sang noir, qu’il avait un trou béant. Même une rupture ne ferait pas aussi mal. Comme un chien, même pire que cela, j’allais mourir. Je ne le voulais pas. Je rampais, je me relevais, je titubais dieu seul sait où. Je retombais, à bout de souffle. J’avais mal. J’étais un piteux état. Je me sentais sombrer dans l’inconscience.

Jusqu’à ce que je me réveille dans un lieu inconnu. Là, un type me parla. Il avait un peu l’air d’un idiot. Et il l’est toujours. Mais cet homme m’avait sauvé la vie. Heyden était son nom. Il essaya de me recadrer, et tout ce qui allait avec. Mais je voulais rentrer dans le quartier de mon gang. Je voulais des explications. Mais cela aurait pu aussi être une mauvaise idée. Ils n’avaient rien fait pour moi. J’avais juste été des mains parmi d’autres. Juste un mouton à donner en sacrifice. Le couteau dans le cœur se retira pour aller s’y remettre  encore plus profondément.

Tel un animal blessé, j’étais méfiant et distant avec Heyden. Surtout qu’il ne vivait apparemment pas seul. Je ne voulais pas me mêler à eux. Je ne voulais pas aller manger avec eux. Je ne savais même pas ce que je voulais en fait. Je voulais guérir, mais je ne savais pas comment. Surtout que je me remettais lentement des blessures physiques. « Si seulement cela pouvait aller plus vite… Mais après j’irais où ? » D’ailleurs je trouvais ça étrange qu’il ne m’ait pas ramené à l’hôpital. Mais c’était mieux. Moins de questions, pas de flics, pas à payer.

Un jour, je me mis à la fenêtre de la chambre. J’avais un air dans la tête. Le genre de mélodie qui vous fait chanter même si vous avez l’impression d’être la pire casserole qui soit. Et du coup, je chantonnais, dans mon coin, en regardant le dehors. Je me pensais seul jusqu’à ce que j’entende mon imbécile de sauveur s’exclamer. J’étais mal à l’aise. Et je le fus encore plus quand il insista encore et encore pour que je rejoigne son groupe. Je ne voulais pas. Je n’y voyais pas l’intérêt. Je trouvais ça ridicule. Mais à force d’insistance Heyden eut raison de moi.

Je me mis aussi à ce moment à la basse. J’apprenais vite. Je n’étais pas autodidacte mais avec la musique ça allait presque tout seul. Et pendant les entrainements pour la danse, mes idées semblaient plaire et ils me désignèrent pour être le chorégraphe.

Aussi, je ne m’entendais bien qu’avec peu du groupe. Méfiant, peur de retomber dans l’enfer de ce trou béant dans mon cœur. Heyden avait voulu m’aider et je lui en étais reconnaissant. Il avait l’air sincère, il avait l’air de ne pas vouloir m’abandonner comme une vieille chaussette. Puis, avec le temps, je me suis habitué aux autres du groupe, oubliant même ma peur secrète.

PS : Oh et pour ce qui concerne les hybrides, je n’ai rien contre. Ils ne m’ont jamais aidé, ils ne m’ont jamais enfoncé. Je ne sais pas si je pourrais en avoir un. Parce que, c’est du boulot quand même de s’en occuper, non ? En tout, cas, je les ai toujours respectés s’ils me respectaient. Comme le ferait un humain vers un autre humain.

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