Faith - Prédéfini (En cours !)

Advenit post multos Scudilo Scutariorum tribunus velamento subagrestis ingenii persuasionis opifex callidus. qui eum adulabili sermone seriis admixto solus omnium proficisci pellexit vultu adsimulato saepius.

La liberté qu'est-ce que c'est ? Alors qu'elle pince les lèvres et qu'elle plonge ses mains dans ses cheveux auburn pour les arranger, Faith se pose la question. La liberté, c'est quoi ? Est-ce que c'est avoir tous les droits ? Est-ce que c'est crier ? est-ce que c'est hurler? Est-ce que c'est être roi ? Est-ce que c'est danser ? Est-ce que c'est chanter ? Est-ce que c'est aimer ? Est-ce que c'est murmurer ? C'est quoi être libre ? Qu'est-ce que c'est la définition de la liberté ? Et comment définit-on qu'on l'est ? Est-ce qu'être humain rime avec libre ? Est-ce que Faith rime avec libre ?
Elle fixe le parterre poussiéreux à ses pieds, y trace des lettres, fronce le nez et tousse, plisse les yeux, et se demande fatidiquement, est-ce que je suis libre ?
Et la réponse est toujours la même.

Oui peut-être, non peut-être pas.
Pour Faith, le mot liberté n'a jamais eu que le sens qu'on veut bien lui donner. Comme toute notion abstraite, comme l'amour ou la confiance, la liberté n'est pas définie, elle n'est pas constante, elle n'est pas déterminée. On peut se sentir libre en sirotant un bon verre de lait ou en lisant un bon livre, on peut se sentir libre lorsqu'on respire, on peut se sentir libre, lorsqu'on réfléchit. On peut se sentir libre pour un tas de raisons diverses et variées, des raisons qui n'ont jamais la même force, qui ne sont parfois ni logiques, ni explicables. En fait, on peut se sentir libre parce qu'on a envie de l'être.
Et Faith, elle a toujours voulu être libre.

Alors, elle l'est, tout le temps ,continuellement. Quand elle dort, quand elle mange, quand elle boit, quand elle caresse, quand elle touche, quand elle respire, quand elle vit.
Parce que pour Faith la liberté, ce n'est pas qu'un lieu, ce n'est pas qu'une cage, ce n'est pas qu'un désir ou une envie. Ce n'est pas qu'une obsession. Ce n'est pas qu'un but. Ce n'est pas qu'un mot. C'est tout un art de vivre. Toute une façon de penser, de se penser.
Et Faith, elle se pense libre, alors elle est libre. Terriblement libre. Tristement Libre.

Dans la cage d'à côté, un gémissement résonne. Il est désespéré et petit, aussi faible qu'une brindille que la tempête menace de briser. Faith l'écoute d'une oreille distraite, ses doigts pâles et fins dessinant sur le sol froid, ses iris verts et chatoyants obstinément fixés vers le bas, pas parce qu'elle ne veut pas regarder, simplement parce qu'elle n'est pas en mesure d'offrir quoi que ce soit à celui qui gémit, enfermé là. Elle pourrait lui offrir un mensonge. Après tout, on se perd facilement au coin d'une paire de lèvres. On donne toujours vit aux utopies des bouches mielleuses et charnues, d'un goût sucré et d'un beau rose foncé.  On aime ce qu'elles chantent, on aime ce qu'elles disent. Et Faith, elle possède une telle bouche, agréable et tendre, une bouche qui a déjà tissé des illusions, une bouche qui sait être aussi froide que douce, coupante comme la lame d'un couteau, mais caressante, capable de se tordre dans une moue avenante, quand la grimace qu'elle cache sous son masque est biscornue, difforme et inquiétante.
Mais Faith n'aime pas être une menteuse, alors elle se tait.

Pourtant, être hypocrite, elle l'a fait. Elle sait, elle a l'art et la manière. Le visage aussi, la moue et les longs cils, les iris en amandes, les oreilles aux lobes bien dessinées, les hanches qu'on aime toucher, la démarche chaloupée qu'on aime regarder. Elle est attirante et ingénue, comme une succube qui porterait un masque d'ange, comme un chérubin déguisé parmi les diablotins et ça suffit pour convaincre, ça suffit pour mentir ! Et il y en a beaucoup qui aiment se faire tromper ainsi, qu'on leur raconte des histoires, un tas de bobards, des aventures sans queues, ni têtes, des propos qui ne tiennent pas debout. Ca les fait sourire, ça les fait rire. Ca les rend heureux. Ca les rends libre. Parce que oui, mentir aussi peut être une forme de liberté.
Mais ce n'est pas une forme de liberté pour Faith. Ce n'est pas le genre de liberté qu'elle désire. Ce n'est pas ce qu'elle recherche. Elle ne la donne aux autres que par compassion. Parce qu'elle aime bien être gentille Faith, elle essaie, en tout cas.

D'ailleurs-est elle vraiment gentille Faith ?
Elle aimerait bien dire que oui. Qui n'aimerait pas dire que oui ? Sauf qu'elle est trop honnête et se trouve plutôt égoïste, pas si généreuse, peut-être même subtilement prétentieuse. Elle donne aux autres, parce qu'elle pense avoir plus et refuse qu'on lui donne, non pas par humilité, mais juste parce qu'elle estime qu'elle n'a besoin de rien. Faith, elle, n'est pas dans la demande, pas dans l'attente, elle n'est pas dépendante des espoirs vains et des désirs. Faith, contrairement aux autres, elle ne couine pas. Elle ne pleure ni le bleu du ciel, ni le blanc des nuages, ni la pluie, ni le vent, ni l'orage, ni le soleil, ni la lune, ni la nuit, ni le crépuscule, ni l'aube, ni hier, ni demain. Faith, elle est posée, silencieuse, appliquée dans sa tâche et dans ses pensées. Elle est égale, composée, méthodique dans ses gestes alors qu'elle termine d'un trait le toit du château qui vient de prendre vie sous ses doigts. Et elle souffle et sourit en coin, discrètement satisfaite de son œuvre. Son visage s'éclaire, sa peau s'illumine, elle brille et scintille légèrement, éclairé par un rayon de soleil que filtre mal la vitre. Parce que s'imaginer l'avenir, plutôt que de l'espérer désespérément, ça l'aide à rester forte, ça l'aide à composer avec sa situation.

Faith, elle n'est définitivement pas comme ceux qui se morfondent et qu'elle est intimement persuadée de sa valeur, de sa richesse, de sa rareté.  Et, se sentir belle, se sentir forte, se sentir spécial, l'aide à oublier qu'elle n'est pas si courageuse, qu'elle n'est pas si brave, et qu'elle connaît l'angoisse et la peur. Pas qu'elle ne sache pas se battre, ou se défendre ! De même, elle n'est pas esclave d'un manque d'éducation ou de l'indécision, elle est cultivée, a des principes et des opinions, le problème n'est pas là, il n'est pas ici, il est plus profond. Faith se mordille la lèvre et fronce les sourcils. Elle chasse l'étrange malaise qui s'installe dans son ventre, quand elle y repense, à Lysander, à ses yeux, à ses paroles, à sa fureur. Cette fureur qui lui a léché et incendié la peau comme un couteau chauffé à blanc, niellant sa brûlure dans la chair tendre de son derme et se glissant dessous, sournoise et insidieuse, comme un serpent, celui du paradis perdu d'Adam. Faith, expire. Devant, ses yeux, il lui semble revoir, sentir, la violence et elle se crispe, serre les dents, ferme les yeux. Stop, ça suffit. Elle ne veut pas revivre ça, ni maintenant, ni jamais, ni toujours. Ses iris se brouillent et elle défait le dessin d'une main vive et tremblante. Elle réfléchit une seconde et marque finalement avec détermination.

La liberté, c'est décidé que je n'aurai plus jamais peur.

Advenit post multos Scudilo Scutariorum tribunus velamento subagrestis ingenii persuasionis opifex callidus. qui eum adulabili sermone seriis admixto solus omnium proficisci pellexit vultu adsimulato saepius .