Tom [terminé]

Je suis née dans les hautes sphères de la société française, à Paris. D’après mes parents, je descends d’une illustre famille de l’ancienne noblesse française.

Durant toute mon enfance, j’ai été éduquer comme un futur héritier. Mes parents me destinaient à devenir avocat, un avenir radieux se dessinait devant moi.

Imaginez-vous donc un jeune homme de 15 ans arrogant, orgueilleux qui dénigre tous ceux dont le compte en banque est inférieur au siens.

Je voyais les hybrides comme des êtres inférieures bons qu’à servir d’esclaves. Si ces bestioles me contredisaient, je faisais en sorte que l’on s’en débarrasse.

Je me rappelle qu’un jour mes parents m’avaient offert un hybride chien à mon service. Le jour de mon anniversaire, j’organise une grosse fête, DJ, buffets. Il ne manquait plus que le bouffon du roi.

J’ai donc ordonné à mon hybride de se mettre à quatre pattes et d’aboyer… Cette bestiole à refuser d’exécuter mon ordre. J’ai donc dit à mes parents que l’hybride m’avait agressés, les convainquant qu’il était agressif, dangereux et imprévisible.

C’était la parole d’un jeune noble, brillant dans les études, peintre très prometteur contre celle d’un misérable hybride. Il a donc été ramener à l’animalerie et envoyer à un centre de dressage. Une conséquence qui s’est rapidement diffusée à l’ensemble des hybrides de la maison, qui me craignait. Je me sentais puissant et invincible.

Tout a basculé à ma rentrée à la fac, j’avais 20 ans. Ce jour-là, un hybride m’a bousculé, je l’ai donc fait tomber par terre et ridiculiser devant tout le monde. Un hybride qui étudie, c’est la meilleure !

Soudain, une jeune fille fluette s’interposa entre moi et l’animal, puis m’assena une violente gifle en me faisant la morale. Le choc ! Même mes parents n’avaient pas levé la main sur moi !

Je ne sais pas si c’est le choc dû à la gifle où parce qu’elle était la première personne à me tenir tête, mais ce fut un véritable coup de foudre. Elle s’appelait Ana, elle voulait être peintre. Elle avait des cheveux longs noir de jais, des yeux verts et un caractère bien trempé.

Éperdument amoureux d’elle, je me mis à l’observer discrètement. Elle était une étudiante pauvre mais studieuse ce qui lui permettait d’étudier dans une université réputée. De nature enjouée et très altruiste, elle ne faisait aucune différence entre les échelons sociaux.

Elle ne me repoussa pas lorsque je vins à elle. Elle ne remit même pas notre conflit sur le tapis, au contraire, elle s’employa à m’ouvrir l’esprit. Elle m’enseigna avec difficulté que tout le monde avait quelque chose à m’apprendre, que nous étions tous égaux… Humains et hybride.

Elle me fit découvrir le sentiment de félicité de venir en aide aux autres, m’appris le partage. Petit à petit, j’eus mes propres avis, mes propres envies. Je commençais à avoir mes propres ambitions, être avocat ne m’intéressais pas, je souhaitais devenir barman. Mes parents me renieraient s’ils le savaient.

D’ailleurs, ils n’étaient pas dupes et ils remarquèrent rapidement mon changement de comportement. Ils enquêtèrent donc sur Ana et m’interdirent de la voir. Je ne devais pas sortir avec une pauvresse qui entacherait le nom de notre famille.

Mais malgré leurs interdictions, je continuai à fréquenter en cachette, Ana qui était la prunelle de mes yeux.
En dépits des risques, elle m’aima avec dévotion.

Mais mes parents n’avaient pas dit leurs derniers mots, ils engagèrent des personnes pour tabasser Ana à la sortie de son travail…
Horrifié, je la découvris à l’hôpital, elle avait été violemment battue.

Le prix de son amour pour moi était une paralysie des jambes à vie. À cause de mon égoïsme, je l’ai condamné à être cloué dans un fauteuil roulant pour le restant de son existence. Je devais m’éloigner d’elle pour sa propre sécurité.

Je menaçai mes parents de ne plus toucher à Ana, essayant de leur faire réaliser les conséquences de leurs actes.
Je fis mes bagages et partis pour la gare.

J’y trouvai Ana qui m’attendait en fauteuil roulant, un bagage sur ses genoux. Fautif et incapable de la regarder en face, je la dépassais sans lui accorder un regard. Elle me retint par la chemise pour m’annoncer une nouvelle qui changea la donne, « Je suis enceinte, ne m’abandonne pas ».

Malgré ce qu’elle avait subi par ma faute, elle désirait rester à mes côtés. Il était hors de question que j’abandonne cette femme si gentille qui porte le fruit de notre amour.

Nous partîmes donc tous les deux à Nice. Je pris un travail pour subvenir à nos besoins, elle peignait et vendait ses œuvres. A nous deux, nous arrivions à payer notre petit appartement.

1 an plus tard notre petite puce naissait, elle était aussi vive et belle que sa mère qui maigrissait de jour en jour, elle avait les traits tirés, le visage creux néanmoins, elle gardait le sourire m’expliquant que c’était dû à l’accouchement, et puis s’occuper d’un enfant est fatiguant.

J’étais trop occupé à trouver une bague digne de la demande en mariage que je réservais à la femme de ma vie. J’avais acheté une magnifique alliance en or contenue dans un joli écrin en velours rouge bordeaux.

J’avais enfin pris mon courage à deux mains pour demander Ana en mariage. Je rentre chez moi, l’écrin dans la poche, excité et anxieux. L’appartement était anormalement vide, j’avais beau chercher partout dans la maison, impossible de trouver Ana.

Je compris la situation à la vue de l’unique tableau qui trônait dans l’atelier. Je ressenti à la vue de cette peinture d’adieu une grande tristesse, de la douleur et toute la pression ressentit par Ana.
Elle était partie…

J’avais le visage baigné de larmes, hurlant de douleur. Je cherchais désespérément un message de sa part, une indication sur sa localisation, mais rien. A la place je trouvais une pile de lettre de menaces adresser par ma famille à Ana.

En dépits de mes menaces, ils avaient continué à la harceler pendant un an. Elle avait souffert en silence pendant si longtemps et avais fini par craquer. Je n’avais pas réussi à la sauver.

Je sors désespéré, la chercher dans le parc où nous avions l’habitude de nous promener, le supermarché, les restaurants, les cafés, le centre-ville…
Mais rien… Elle m’avait abandonné…

J’ai fini par perdre conscience dans un bar, noyant ma tristesse dans le whisky et la vodka, pour ne rentrer que le lendemain après-midi dans cet appartement vide où personne ne m’attendait.
J’entends des cris qui m’amènent jusqu’à ma petite fille dans son berceau. Elle se calma et m’offrir un grand sourire à ma vue.

Il me restait quelqu’un. La preuve, que notre amour avait existé. Il me restait quelque chose à protéger.

Ce jour-là, j’ai décidé de lui dédier ma vie et d’en faire une petite fille joyeuse dont sa mère serait fière.

La France contenait trop de mauvais souvenirs pour moi et je devais m’éloigner de ma famille qui avait détruit Ana.
Il me fallait un nouveau départ et grâce à un ancien correspondant anglais rencontré à la fac, je partis vivre en Angleterre où il m’aida à m’installer.

Aujourd’hui, ça fait 4 ans que je vis en Angleterre.
J’ai 30 ans, la prunelle de mes yeux à 5 ans et est muette.

J’ai réalisé mon rêve puisque je tiens mon propre bar nocturne (« Le chenapan », c’est ma fille qui à trouver le nom) ou tourne des musiques Disney en boucle.

Après la fermeture officielle du bar, je l’ouvre de nouveau très tôt le matin pour les hybrides leurs offrant un repas chaud gratuit.

Mon bar est doté de trappes et de portes de sorties, une idée que j’ai eu en regardant « Raiponce » avec ma fille.

En dehors de mon métier de barman, je continue à peindre, j’ai obtenu une certaine célébrité ce qui me permet d’avoir une autre revenue non-négligeable.