Anipee A'ishah [Terminée!]

Je suis née directement dans un centre d'élevage, et, conformément aux règlements en vigueur dans toutes les entreprises d'élevage d'hybrides, je n'ai connu ni mes parents, ni mes frères et sœurs, que j'imagine nombreux, mais je ne suis pas sûre qu'ils existent vraiment. J'ai ainsi passé mon enfance en Egypte, dans ce camp, où j'avais parfois l'occasion de sortir au grand air, mais toujours dans l'enceinte, évidemment. J'appris à obéir, toujours, et à ne jamais me plaindre. Les humains qui s'occupaient des jeunes comme moi n'étaient pas vraiment tendres, leurs techniques visant surtout à essayer de nous pousser à la faute pour par la suite casser toute tentative de rébellion.

Je sais avoir échoué à un moment, aux alentours de mes dix ans, et d'avoir été sévèrement punie pour cela. C'est à partir de ce moment-là que les choses allèrent plutôt mal concernant ma crainte des humains. Par simple peur de rater, j'en venais à échouer à des choses basiques, et les punitions redoublaient. Ce qui, évidemment, entraînait un cercle vicieux des choses. Je n'arrivais plus à rien jusqu'au jour où ce fut un autre hybride, plus âgé qui vint me trouver pour m'aider. Petit à petit, à l'aide de ses conseils, je parvins à enfouir ma peur au plus profond de moi-même, et de continuer à servir mes éleveurs avec le même brio qu'autrefois. Et même davantage ! Je n'eu réellement plus aucun problème vers mes treize années, où je fus par la suite préparée pour la servitude des humains.

Etant donnée que ma race d'hybride n'était guère alléchante, je fus rapidement catégorisée "à domicile", la société qui s'occupait de nous réservant les meilleurs races aux clients les plus fortunés du pays, mais surtout à l'exportation. Prête à servir une famille égyptienne, je ne connaissais évidemment que l'arabe, ce qui ne fut pas sans poser de problème lorsque la puberté arriva assez tardivement chez moi. Mes formes se développèrent, et avec elles, l'intérêt que me portaient mes maîtres changea : il fut décidée que je serais exportée, et on m'apprit en catastrophe l'anglais, ce qui fait que je ne le parle pas encore parfaitement aujourd'hui. Ces trois dernières années en Egypte furent particulièrement ardues, puisque je devais apprendre la langue, mais également les us et coutumes britanniques, une fois qu'il fut décidée que je serais envoyée à la vente à Londres.

La semaine précédant mes seize ans fut consacrée aux préparatifs de mon transport. Je ne m'occupais de rien, évidemment, me contentant de prendre les habits qu'on me donnait, tandis que je pouvais les entendre réfléchir sur leur slogan des « beautés orientales » ainsi que sur d'autres sujets qui avaient l'air de les inquiéter, comme s'ils craignaient ce "Watcher" dont je ne savais rien. Mais leurs craintes ne les empêchèrent pas d'envoyer leur cargaison d'hybrides. J'arrivais à Londres l'avant-veille de mon anniversaire, grelottant de froid dans ma petite tenue, et gardée encore un peu à l'écart, jusqu'au jour très proche où je serais enfin mise en vente...

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