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Jonathan, hybride serpent. Il vous assure. [Terminé]

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Mer 16 Nov - 17:56
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Jonathan D. Crossman





Nom ☀ Crossman
Prénom ☀ Jonathan Daniel (ou Fight selon ses envies)
Âge ☀ 38 ans
Nationalité ☀ Anglaise
Sexe ☀ Masculin

Sexualité ☀ Bicurieux (entendez tendance hétéro)
GroupeHybride sauvage, et mon espèce est le serpent, plus particulièrement, "crotale des bambous", ou "trimeresurus albolabris". Si je vous assure. Humain mauvais
Métier ☀ Membre de la brigade
Statut socialMoyen
Rang spécialBrigade

Particularité ☀ Il peut se faire passer pour hybride et appeler "Fight". Ce n'est pas seulement pour l'infiltration. Il considère que sa "partie hybride" est bien une part de lui, mais il est conscient d'être humain, et il utilise "Jonathan" auprès de ses collègues et connaissances humaines. Il fait aussi beaucoup de fautes d'orthographe et ne se tient jamais droit.



Caractère
La première chose que l'on remarque chez Jonathan, c'est sa politesse. Il est toujours très agréable, très souriant et très gentil, on le dit souvent de bonne compagnie. Certains disent qu'il a tendance à émaner une sorte d'aura de bienveillance et de confiance en lui. Alors que d'autres le trouvent très protocolaire. C'est sans doute une sorte de mélange des deux, une politesse modeste assortie d'une oreille attentive et de beaucoup de bonne humeur. On peut aimer l'avoir comme ami pour passer le temps, c'est le type de pote ou de collègue à nous écouter, rassurer, et avec qui on peut plaisanter de temps en temps.

Le souci, c'est que quand on commence à bien le connaître, on se rend compte qu'il a l'air très mécanique dans sa gentillesse. Certains sont flattés jusqu'au bout des compliments et petites attention qui fusent, mais d'autres se demandent rapidement s'il pense vraiment tout ce qu'il dit. Il y a un moment où on devient trop poli pour être sincère. La vérité, c'est que Jonathan lui-même n'est pas certain de ce qu'il pense ou pas. Il tente de conserver une image de lui, l'image d'un homme confiant, assuré et bienveillant, surtout devant les inconnus. Pour cela, il sait exactement quoi dire et comment se comporter, et ce qu'il pense derrière n'a que peu d'importance, au point qu'il l'oublie lui-même.

Ce qu'on peut affirmer, c'est qu'il est doué pour le baratin. C'est un expert en baratin. Un maître du baratin. Certes, il a capacité à dire des choses qu'il ne pense pas toujours, sans même s'en rendre compte, par simple convention ou pour se faire bien voir. Mais c'est aussi un mythomane. La plupart des gens se sentent un peu gênés quand ils mentent, ils envoient des signes. Pas lui. Il est parfaitement à l'aise, et peut inventer plusieurs mensonges à la seconde pour se sortir de toutes les situations, sans sourciller, jusqu'à y croire lui-même. Parfois, il le fait par habitude, sans même s'en rendre compte. Parfois, tout à fait consciemment, par stratégie manipulatrice. Si vous le mettez face à ses contradictions, son réflexe ne sera pas de rire la vérité, mais d'inventer cinquante mensonges de plus.

Il peut complètement s'inventer un personnage, l'incarner et défendre des opinions qu'il ne partage pas au point de s’énerver quand on les contredit. Alors que ce ne sont même pas les siennes. En tant que mythomane, il est définitivement confirmé. Cela vient peut-être de sa confiance en lui. Il est très loin d'être narcissique, il a conscience de ses défauts physiques, moraux et intellectuels. Mais cela ne l'empêche pas de s'affirmer. Ce qui peut paraître paradoxal, sachant qu'il est plutôt inaccessible. Il est tellement embourbé dans son ou ses personnages, notamment celui du Jonathan poli et respectueux, que son véritable « lui » se perd complètement sous ces couches de cosmétiques.

Si vous lui posiez la question, il se décrirait comme quelqu'un de parfaitement logique et rationnel, qui fonctionne à la réflexion pure. C'est l'un de ses plus grands mensonges et celui auquel il croit le plus. La vérité, c'est qu'il est hypersensible et émotif, et que toutes ses véritables opinions, sa vraie vision du monde, sont basés sur ses sentiments et sur ce qu'il ressent. Mais il refoule tellement ces torrents d'émotions qu'il en vient à croire qu'il n'en ressent plus, et que cela lui permet d'afficher en permanence le masque du Jonathan souriant et poli, qui dit ce qu'il faut dire quand il faut le dire. Il en est au point où il a du mal à connaître ses propres pensées, et à les discerner de ce qu'il pense par convention, ou même à savoir qu'il sent des choses. Il a parfois l'impression d'être anesthésié, une coquille vide, mais tout se déroule dans son inconscient.

Le souci, c'est quand toutes ces émotions refoulées et gardées au fond de lui explosent d'un coup. De temps en temps, sa véritable éducation ressort et il devient un peu moins poli, voire vulgaire. Parfois, il éclate littéralement. Car cela arrive quand on l'énerve vraiment. Il devient impulsif, violent, voire dangereux. Il frappe très rarement, ou seulement par nécessité à cause de son travail de brigadier. Cela dit, il vous insulte en tentant de vous toucher, de vous rabaisser plus bas que terre, de vous effrayer en vous menaçant, de vous faire culpabiliser. En bref, il tente d'attaquer vos points sensibles. Ces moments sont un tel contraste avec le Jonathan habituel qu'ils sont terrifiants pour certaines personnes. Elles ont l'impression qu'il serait capable de les tuer.

Cette émotivité fait de lui un dépendant affectif. Il supporte mal la solitude et a besoin d'avoir toujours quelqu'un à ses côtés, qu'il aime profondément cette personne ou non. Et si cela signifie qu'il doit la manipuler pour qu'elle reste, la faire culpabiliser, la rabaisser pour qu'elle devienne dépendante à lui, il n'hésite pas une seconde. Dès lors qu'il s'intéresse un peu à quelqu'un et qu'il a envie qu'elle soit à ses côtés, sa paranoïa est irrationnelle, et il interprète tout comme un signe qu'elle risque de l'abandonner ou de l'utiliser. Dès lors qu'il considère que quelqu'un est « à lui », il ne supporte pas que cette personne veuille le quitter ou que quelqu'un veuille la lui « voler ».

Pourtant, il change très souvent d'entourage, sauf lorsqu'ils partagent des intérêts communs ou qu'ils sont forcés de se croiser. La raison, c'est que dès que ses relations passent le stade du formel, elles deviennent presque toujours extrêmement toxiques. De ce fait, elles ne durent pas. Lorsqu'il commence à se révéler un peu, le premier réflexe des personnes qui le côtoient est bien souvent de fuir. Avec raison. Rester longtemps à ses côtés, c'est prendre un grand risque pour sa santé mentale, alors qu'il n'est même pas conscient de faire du mal et se croit toujours dans le vrai. Et plus il perd ses relations à cause de son comportement, moins il a envie d'en créer de peur de les perdre. Un vrai cercle vicieux.

Il se fait généralement passer pour hybride, et utilise le prénom de Fight. La raison ? Il est terriblement mal à l'aise en présence de ces derniers, et passer pour l'un des leurs lui permet d'être plus confiant en s'adressant à eux. En tant qu'humain, il a peur que quoi qu'il fasse, quoi qu'il dise, il passe pour un raciste et un oppresseur, et qu'ils le détestent, même s'ils ne le disent pas. Et puis, accessoirement, adopter ce personnage lui permet de s'infiltrer, ce qui lui sert pour son travail de brigadier. De plus, il considère que Fight est un peu une partie de lui, comme s'il était un peu hybride dans le fond. Il a quelques tics animaux dont il ne parvient pas à se débarrasser. Par exemple, il lui arrive de siffler ou de se lécher rapidement les lèvres.

Il ne sait pas très bien écrire. Il sait parfaitement lire, mais il fait énormément de fautes d'orthographe. Il a aussi un certain mal à faire des calculs simples. Cela dit, il compense en tentant de se renseigner pour avoir une certaine culture générale, et il s'exprime dans le langage le plus courtois possible, ce qui masque un peu cet énorme handicap qu'il a. Notez qu'il a horreur qu'on lui fasse des remarques au sujet de son écriture. C'est un sujet sensible. La première fois, il fera preuve d'auto-dérision. La seconde fois, cela l'ennuiera un peu, mais il vous répondra toujours poliment. Mais si vous insistez lourdement ou l'embêtez constamment avec ça, il risque de finir par très violemment s'énerver.

Il est très attaché à ce que la société reste comme elle est. Il considère que le modèle actuel, où les hybrides occupent une place différente mais complémentaire à celle des humains, fonctionne parfaitement. Il ne comprend même pas pourquoi ils se sentent oppressés. De ce fait, il méprise les sauvages plus que tout. Il ne les voit que comme des anarchistes dangereux, qui perpétuent la haine des êtres humains comme une secte. En plus d'être souvent sous-éduqués, violents, et de ne servir à rien. Il éprouve un très grand plaisir malsain à les faire arrêter, à démanteler leurs réseaux ou à rafler leurs nids, qui tient presque du sadisme.

De ce fait, il adore son travail et il lui consacre presque tout son temps. Il a bien eu quelques passions plus saines, auparavant. Par exemple, il a voulu un jour devenir réalisateur cinématographique, et il danse le charleston.  Mais il n'a plus vraiment le temps de s'y consacrer. Il lui arrive quelquefois de filmer ce qu'il fait ou son entourage, et de monter quelques courtes vidéos pour se détendre, mais cela s'arrête là. Cela a été un regret, un jour, mais ce n'est plus le cas depuis longtemps désormais. Après tout, il a des choses plus importantes à faire.


Physique
Si Jonathan attire certains regards, c'est uniquement à cause de l'impression d'assurance qu'il dégage. Il le sait, il est conscient que l'apparence extérieure joue énormément dans l'opinion que les autres ont de lui. Et c'est pour cela qu'il le met en valeur avec des vêtements classes et distingués, qui donnent une certaine impression de pouvoir. Des costards, avant tout, des chapeaux parfois, des costumes, des cravates, des manteaux longs. Lorsqu'il endosse l'identité d'un hybride sauvage, cela dit, il se permet des vêtements moins chers et plus pratiques, qui lui donnent l'air plus modeste. Tout dépend finalement de l'impression qu'il a envie de renvoyer, car il sait choisir son style avec soin.

Du haut de son mètre quatre-vingt onze, la plupart des gens le trouvent très grand. Son corps est musclé par l'exercice physique nécessaire à son travail, et il doit faire dans les quatre-vingt six kilogrammes. Il a du mal à se tenir droit, défaut compensé par une certaine grâce et élégance dans ses mouvements. Pour cause, c'est un danseur, qui peut d'ailleurs réaliser des chorégraphies plutôt compliquées, même s'il pratique très occasionnellement. C'est pour cela qu'il a malgré tout la silhouette élancée. Il est conscient que l'apparence du corps fait énormément, et de ce fait, il la travaille.

Son visage rappelle un reptile. Il a la bouche un peu large, un sourire gigantesque, un nez droit et pointu, de longs yeux plissés aux coins rehaussés, une langue plus pointue que la moyenne. Il a probablement hérité tout cela de son père, hybride serpent, ce qui lui permet de renforcer encore sa couverture. Il a le teint halé. Au fil du temps, de petites rides d'expression sont apparues au niveau de ses sourcils, et aux coin de ses yeux, quand il sourit. Il est très loin d'être parfait en proportion. Mais il améliore un peu le rendu de son visage par les lentilles dorées aux pupilles fendues qu'il porte la plupart du temps, afin de se faire passer pour un hybride. Au naturel, cela dit, ses yeux sont de couleur noire.

Ses cheveux sont coupés courts, même si de nombreuses mèches tombent devant sa figure. Son  style de coupe est tout à fait conscient et choisi afin de mettre son visage en valeur. Il doit régulièrement retourner chez le coiffeur afin de les faire teindre en vert, même si la plupart du temps, il préfère le faire lui-même. Cela coûte moins cher. Il y met le plus de nuance possible et les colore avec grand soin, afin qu'ils aient l'air tout à fait naturels. La raison ? Se faire passer pour hybride, quoi d'autre. Il n'y a qu'eux pour porter naturellement des couleurs aussi improbables.

En signes particuliers, il a notamment des cernes constantes. Sans doute faute à ses quelques insomnies. Il a toujours les dents blanches, car il se fait un nombre excessif de bains de bouche, et une hygiène toujours quasiment parfaite. Pas un ongle de mal coupé, toujours l'apparence soignée, et s'il y a des défauts, ils sont naturels et incorrigibles. Il a un petit tatouage de serpent sur l'omoplate gauche et de petites cicatrices sur le corps. Sa voix est plutôt grave, et comme il parle presque toujours calmement, elle est même plutôt douce.



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Mer 16 Nov - 17:57
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Histoire
Un hybride serpent sauvage, un jour, a été très curieux. Tellement curieux qu'il est allé se balader très proches des humains. C'est là qu'il a rencontré l'amour de sa vie. Une humaine. Très jolie, très charmante. Les deux tombent tellement amoureux qu'ils ne se soucient même plus une seule seconde de la société qui les entoure, et qu'ils décident d'aller au-delà de tous les préjudices et de tous les obstacles pour s'aimer. L'imprudence et la fougue de la jeunesse.

Le souci lorsqu'on est imprudent et fougueux, c'est le risque de foncer tête baissée. Et en l’occurrence, quand le ventre de la jeune humaine commence à s'arrondir, ils comprennent qu'ils ont peut-être foncé un peu trop vite. Il ne faut surtout pas que les parents de cette dernière l'apprennent, que la police l'apprenne, que quiconque l'apprenne. Mais elle ne veut pas se débarrasser de son bébé pour autant. Elle est coincée et elle s'est coincée seule.

Elle arrive tant bien que mal à cacher sa grossesse, mais lorsqu'il faut accoucher, elle ne peut plus vraiment le faire. Ses parents sont outrés, et veulent se débarrasser de l'enfant en le mettant à l'adoption. Ils décident aussi d'envoyer leur fille dans un internat à l'autre bout du pays, afin qu'elle ne revoie plus jamais cet hybride qui l'a engrossée, et qu'elle prenne pleinement conscience de la gravité de ses actes.

Son réflexe ? Confier son fils à son petit ami. "Ils n'ont pas le droit de nous le prendre. Il faut que ce soit soit toi, soit moi qui l'élève. C'est le nôtre. On s'en fout, de ce que dit la société, ils n'ont pas le droit ! Toi et moi, on s'aime. On devrait pouvoir avoir cet enfant. En tant que tel, il faut que tu le prennes avec toi. Promets-moi que tu t'en occuperas." Il le promet. Il fera de son mieux pour être le père de son fils.

Il choisit tout seul le nom qu'il lui donne. Il décide de l'appeler Fight. C'est donc dans un camp hybride que le petit humain fait ses premiers pas dans la vie. La première priorité de son père, c'est lui cacher à tout prix sa race. Pourquoi ? D'abord pour éviter qu'il pose la question de ses origines avant d'être assez grand pour comprendre. Ensuite, pour qu'il ne le révèle pas au reste des hybrides. Jamais les autres n'accepteront un petit humain dans leur camp, que ce soit par discrimination ou prudence.

Au départ, ce n'est pas trop compliqué. Fight est un petit bébé, alors son père le garde dans une grotte non loin du camp. Dès qu'il fait ses premiers pas, c'est un peu plus compliqué. On demande souvent pourquoi il ne sort jamais, et son père prétexte une certaine fragilité. Même à l'époque, il lui a déjà teint les cheveux en vert, afin qu'il passe plus facilement pour hybride, dans le cas où quelqu'un débarquerait à l'improviste. Ce n'est pas simple.

Ce n'est qu'à l'âge de quatre ans qu'il le fait enfin sortir, avec des lentilles aux pupilles fendues sur les yeux. Le petit pleurniche, parce qu'elles lui font mal. Pour qu'il les garde, le père lui raconte une histoire d'épouvante. D'après ses dires, ses lentilles sont une protection magique. S'il ne les met pas pour sortir, et s'il en parle à qui que ce soit dans le camp, son père ainsi que tous autres les hybrides révéleront leur vraie forme d'insectes géants et l'emmèneront avec eux. Cela part d'une bonne intention, mais Fight n'en dort plus de la nuit durant des années.

Il s'habitue assez vite aux lentilles, même s'il lui arrive très souvent d'avoir mal aux yeux. Il n'en parle à personne, parce qu'il a trop peur. Son père le lui répète chaque jour. « Tu retires ces lentilles, ils te tuent ». Il a presque raison, l'hybride ne sait juste pas la vraie raison, au début. Il pense que c'est parce que son entourage va se changer en créatures comme dans ses cauchemars. En vérité, c'est seulement que c'est lui le monstre pour eux, mais cela, il ne le sait pas encore.

Il se fait, malgré tout, des amis en grandissant. Dont, tout particulièrement, une petit hybride louve du nom d'Amee. Elle est toujours celle qui reste dans son coin et qui n'ose pas trop s'approcher des autres. Lui, il a tendance à avoir peur des autres, parce qu'il pense qu'au moindre faux mouvement, ils se changeront en monstre. Alors il reste tout seul aussi. C'est tout naturellement qu'elle décide de s'approcher de lui avant que quelqu'un d'autre s'approprie son amitié.

Ils deviennent inséparables, et passent tout leur temps ensembles à jouer à l'humain et au rebelle, à l'hybride et au chasseur. Bien sûr, aucun des deux ne veut jamais jouer le rôle de l'humain. Ce sont des monstres, tout le monde le sait et tout le monde le dit. Quand ils ne jouent pas, ils consolident les habitations, vont chercher de la nourriture. Ils font les adultes, en quelque sorte. Ils rayonnent tellement, tous les deux, qu'ils attirent vite les autres hybrides du camp, qui leur demandent d'être leurs amis.

Quand ils ne jouent pas et n'aident pas à la vie du camp, les enfants sont entraînés à courir et à se battre. C'est un vieil hybride pitbull qui s'en occupe. Il le leur dit bien : « vous bouffez les humains ou ce sont eux qui vous bouffent. » A l'époque, quand il s'imagine un humain, il voit un monstre géant qui capture les hybrides et les enferme dans des cages pour les dévorer. Il n'est peut-être pas loin du compte, sachant tout ce qu'on lui raconte.

Le vieux chien, par exemple, était esclave dans l'armée. Dans certains pays, on a envoyé les hybrides comme soldats pas chers, se battre au front plutôt que d'utiliser des humains. La mère d'Amee a souvent été séparée de tout ce qu'elle aimait avant de finir par trouver refuge dans le camp. Il entend toute sorte d'histoires sordides et il espère que jamais de sa vie, il n'aura à rencontrer l'une de ces créatures.

Il devient assez grand pour, qu'un jour, on lui montre à quoi ressemble la société humaine. Car après tout, il faudra bien qu'ils y aillent de temps en temps pour voler. L'hybride pitbull emmène une poignée d'enfants qui veulent voir, et il leur montre cette grande ville qu'est Londres de loin. Ils aperçoivent un humain. Et là, à l'observer, Fight prend conscience de quelque chose. Il est tout juste comme un hybride. Il n'a pas la taille gigantesque ni le corps désarticulé que le gosse s'imagine. Il est tout juste comme un hybride, mais sans attributs animaux. Quand il fait cette remarque à son éducateur, il s'étonne juste que son élève ne le sache pas.

En grandissant, Fight se pose de plus en plus de questions. Il y a des vérités qu'on ne peut pas cacher, surtout des aussi énormes que celle-là. Quand on atteint progressivement l'âge de huit, dix ans, on comprend que le père noël n'existe pas. Et là, en l’occurrence, Fight comprend que les monstres n'existent pas. Il comprend aussi ce qui fait un hybride par rapport à un humain. Ses attributs. Et aussi que quand on doit modifier son corps pour avoir des attributs animaux, alors c'est qu'il y a un souci. Il le garde pour lui, d'abord. Puis cela devient insupportable.

Cacher sa race à son enfant n'est peut-être pas la décision la plus intelligente que le père ait prise dans sa vie. Parce que quand son gamin vient dire « papa, je ne crois plus au père Noël », c'est une chose. Quand il vient dire « papa, est-ce que je suis un monstre ? », c'en est une autre. Ce fut la discussion la plus embarrassante de la vie de l'hybride, et la plus destructrice de celle du petit humain. Il n'est pas un serpent. Toutes ses craintes sont confirmées. Il s'est enfermé et a pleuré pendant plus d'une semaine. Même si dans le fond, il savait bien que quelque chose n'allait pas.

Il est de plus en plus terrifié à l'idée de traîner avec les autres, de peur qu'ils découvrent son secret. Ou pire, que sa nature humaine prenne le dessus, qu'il devienne un monstre à son tour et leur fasse du mal. Tellement qu'Amee, qui en a assez de la distance que Fight prend, traîne de plus en plus avec les autres hybrides et de moins en moins avec lui. Autant cela le rend malade, autant il comprend. Il ne joue plus de peur de perdre ses lentilles, il interprète chaque regard qu'on lui lance comme une menace. Il devient complètement paranoïaque, il a l'impression que chaque fois qu'un adulte le jauge, c'est qu'il le soupçonne.

Un jour, Amee vient lui parler. « Fight, je ne sais pas ce qui te prend en ce moment. T'as toujours été stressé et timide mais là ça bat des records. Pourquoi tu veux plus me parler ? Tu me fais la tête ? » Fight lui assure que non, que ça ne vient pas d'elle. Mais comment il pourrait lui parler de ses craintes ? S'il le fait, alors plus personne ne voudra de lui dans le camp. Il le garde toujours pour lui, mais il se dit qu'il vaut mieux qu'il recommence un peu à sortir avec son amie. Sinon, il risquera d'éveiller les soupçons.

Un jour, elle l'emmène pour s'amuser avec tous les hybrides de leur âge. Après tout, il ne passe pas beaucoup de temps avec les autres, il est toujours dans son coin, et Amee pense que cela lui fera du bien de s'ouvrir un peu.  Alors ils vont à cinq près de Londres pour tenter de voler une pomme à l'étalage. Jeux dangereux ? Si peu, ce sont des gamins. Ils se cachent tous dans une ruelle, et l'un des gosses court vers un marchand pour prendre la pomme discrètement. L'homme les remarque, il les poursuit, et ils courent en riant. A quoi cela sert ? Absolument rien, c'est seulement que plus c'est dangereux, plus c'est rigolo.

Ils s'enfuient comme des dératés et sèment l'homme pour arriver dans la forêt. Ils s'étalent sur le sol et respirent comme des charretiers, à bout de souffle. Fight ne s'est probablement pas autant amusé depuis longtemps, et ça, c'est tout de même relativement dommage, quand on voit ce qu'il a fallu pour qu'il rie. Ils prennent un moment pour reprendre le contrôle de leur respiration et pour essuyer les gouttes de sueur qui coulent sur leur front. C'est cela la vraie vie d'hybride, se pousser à bout en permanence.

Cela dit, Fight remarque que l'un des hybrides le regarde un peu trop attentivement. Lui lance un regard un peu trop soupçonneux. Voire agressif. Il se sent mal à l'aise.  D'un ton menaçant, on lui demande ce que c'est que ça. Il ne comprend pas, d'abord. Il ne comprend pas non plus quand tous se retournent vers lui, qu'Amee a l'air interloquée, et que tous les autres ont l'air à mi-chemin entre la terreur et la rage.

Il n'a pas remarqué que dans sa course effrénée, l'une des lentilles est tombée. Ce qui révèle que l'un de ses yeux est noir, et un peu trop humain pour être vrai. Il finit déshabillé sur le sol, alors que les petits hybrides cherchent une trace, n'importe laquelle, qu'il est l'un des leurs. Cruel ? Ce sont des enfants, alors bien sûr. Et quand ils ne trouvent rien d'autre que ses cheveux, qui ont pu être facilement teints, ils ne sont pas en colère comme un adulte le serait. Plutôt heureux d'avoir l'un de leurs oppresseurs sous la main.

Fight a beau hurler qu'il est hybride, le passage à tabac se fait dans les règles. Il aperçoit furtivement le visage d'Amee, et cherche ses yeux. Mais elle, elle regarde ailleurs. Elle ne participe pas mais n'intervient pas non plus. Elle a l'air triste et choquée. Un instant, Fight a l'impression de l'avoir trahie. Il a caché cela à son amie tout ce temps.

Tout le camp est rapidement au courant. Quelques uns des adultes parlent de chasser Fight et son père, de peur de ce que le gosse deviendra en grandissant. Mais la plupart font la part des choses, et pensent que cet enfant, qu'ils connaissent depuis toujours, n'est pas une menace. Exceptionnellement, ils l'autorisent à rester à leurs côtés. Ce qui n'est pas forcément pour le mieux.

Il est plus seul que jamais. Il est un peu comme le nouveau dans les écoles primaires, celui dont on se moque pour n'importe quoi, même les raisons les plus futiles, et que personne ne veut à sa table. Même Amee ne veut plus lui parler. Elle ne le repousse pas, mais elle est mal à l'aise. La raison, c'est qu'elle a peur que les autres la rejettent aussi si elle traîne avec lui. Fight pense que cela vient de lui.

Il reste constamment dans son coin, ne participe plus aux activités ni aux travaux, et ne parle à personne sauf son père. A part quand un fanfaron vient se moquer de lui pour impressionner ses copains. Il a constamment l'air triste, devient terriblement angoissé, et ses insomnies durent la moitié de la nuit. Bien sûr, il n'en parle pas.

Mais son père n'est pas idiot. Il voit bien à quel point son fils a l'air triste. Et il se rend compte que, peut-être, il était égoïste de vouloir l'élever lui-même. Sa place n'est pas ici, elle est à l'école pour devenir un adulte fonctionnel, un humain fonctionnel. Il y a bien des choses essentielles qu'en tant qu'hybride, il ne peut lui offrir. En tant que tel, il est injuste de sa part de vouloir être le père de son fils.

Un jour, il prend une décision grave. Il décide de remettre Fight aux autorités. Il ne peut plus le laisser comme ça, alors qu'il le voit sombrer peu à peu. Mais ce dernier a beau être malheureux, il ne veut pas quitter son père. Il a déjà treize ans, il fait un caprice digne d'un gamin de cinq ans, pleure et crie des jours entiers pour rester à ses côtés. Malheureusement pour lui, il n'a pas son mot à dire.

Lors des "adieux", son père lui dit quelque chose qui restera pour toujours gravé dans sa mémoire. « Tu ne peux pas rester. Tu es humain. Ta place n'est pas là. Si tu restes, tu n'arriveras jamais à t'intégrer. Peu importe ce que tu feras, peu importe ce que tu diras, hybrides ne te verront jamais comme un ami. Seulement comme leur oppresseur. Ils te détesteront toujours car ils t'associent à ceux qui leur font du mal. Ce n'est pas de ta faute. Il faut que tu retournes parmi les humains et que tu restes avec eux. » Maladroit, sans doute.

Quoi qu'il en soit, lorsqu'il est remis à la société humaine, il vit cela comme une amputation à vif. Comme s'il perdait d'un seul coup tout ce qu'il était. Abandonner toute sa vie d'hybride pour devenir humain, effacer toute son enfance sans prévenir, cela lui est insupportable et il n'y arrive pas. Il ne sait même pas où est allé son père. Il ne sait même plus qui il est. Les premiers jours chez l'aide sociale à l'enfance, il les passe dans le plus profond mutisme. On le voit comme un cas fragile et profondément traumatisé, et de temps en temps, il entend des gens blâmer "ces saletés d'hybrides".

Il reste dans l'établissement d'aide à l'enfance en tant qu'enfant des rues, et orphelin de ses deux parents. Bien qu'il soit encadré, son rattrapage de scolarisation ne se passe pas forcément bien. D'abord parce que le travail à rattraper est titanesque, ensuite parce que ne pas apprendre à lire et compter pendant son enfance, cela cause de grandes difficultés d'apprentissage. Dernière raison, et pas des moindres, il n'arrive pas à se projeter dans l'avenir. Comment s'imaginer une vie humaine quand on a toujours vécu comme hybride ?

Le résultat est un terrible manque de motivation. Il travaille peu et ne parvient pas à surmonter son analphabétisme. On le pense dépressif suite à ses divers chocs émotionnels, et ce n'est peut-être pas loin de la réalité. Il se sent complètement anesthésié. Comme si son esprit avait développé un mécanisme de défense, qui se traduit par une absence de sentiments. Les gens qui le prennent en charge préconisent des ateliers thérapeutiques pour le sortir de son amorphisme et lui permettre de sociabiliser.

Il se retrouve à aller régulièrement dans un centre d'aide psychologique pour adolescents, où il s'inscrit à deux activités en groupe. Charleston et cinéma. Sa condition physique, au moins, est excellente, fruit de son éducation en pleine nature, il n'a donc pas trop de mal à apprendre la danse. Quant au cinéma, c'est tout un autre monde qu'il découvre. Celui de la technique, de la technologie, de la culture humaine. C'est bien plus attrayant qu'il l'aurait cru au départ, et il commence à y trouver de l'intérêt. Après tout, tout est nouveau pour lui.

On finit par lui trouver une famille d'accueil. Il y est le seul enfant humain. Les Crossman forment une sorte de couple « parfait » et stéréotypé d'un point de vue old school. On a la gentille mère au foyer aimante qui cuisine et s'occupe des enfants, et le père qui travaille, tout souriant quand il revient. Il y a aussi un hybride de dis-sept ans, qu'ils ont adopté récemment. C'est une vraie bataille pour obtenir les papiers de Fight, puisque personne n'a rédigé son acte de naissance et que rien n'est déclaré. Aux yeux de la loi, sans papiers ni parents, il n'a pas d'existence propre. Mais au vu de son cas exceptionnel, et après de longues procédures, le voilà nommé et doté une date de naissance officielle.

Désormais, il n'est plus Fight, le petit hybride serpent. Il est Jonathan Daniel Crossman, né le 3 janvier 2015, humain de sexe masculin. Ce changement brusque d'identité marque une rupture définitive et encore plus déchirante qu'avant. Il n'arrive pas bien à s'habituer à son nouveau nom. Il ne s'y habitue même pas du tout, et quand on lui demande comment il s'appelle, il répond mécaniquement "Fight". Il ne comprend d'ailleurs pas bien pourquoi il ne peut pas s’appeler Fight Daniel Crossman, ni pourquoi, comme on lui explique, il ne sera jamais pris au sérieux avec un nom pareil.

L'hybride de la maison est un iguane qui s'appelle Tcheep.  Les deux ne s'entendent pas bien. Parce que Jonathan, comme il s'appelle désormais, est très mal à l'aise en sa présence. Il ne parvient pas à lui parler normalement, de peur de ce qu'il pense réellement de lui. Forcément, comme l'hybride voit le jeune humain s'adresser relativement normalement aux parents, il n'attend pas longtemps pour le taxer de racisme. Ce qui rejoint ce que le père de Jonathan lui a dit. Il n'a encore rien fait et on le prend déjà pour un oppresseur. Et le souci, c'est qu'il n'y peut rien. Il ne peut pas parler au moindre hybride sans se sentir stressé.

Avec les humains, il fait quelques progrès. Au début, il est toujours le gamin solitaire et timide qu'il a toujours été. Mais au bout d'un moment, il commence à s'ouvrir. C'est notamment grâce à un ami qu'il rencontre dans son club de cinéma, William. Il est très extraverti, et cela ne le gêne pas d'aller parler pendant des heures à un gosse aussi timide que Jonathan. Comme il est passionné par le cinéma, il est capable de tenir une conversation à lui tout seul. Peu à peu, son interlocuteur commence à se renseigner et à participer aux discussions.

C'est également grâce à la danse et à son professeur. Il est admiratif devant sa confiance en lui et sa classe, et il se rend compte que tous les autres humains ont l'air de l'admirer. Quand Jonathan danse publiquement et voit les autres l'acclamer face à ses performances, quand il se rend compte que personne ne vient le manger quand il adresse la parole à quelqu'un, il prend peu à peu confiance. Il se rend compte que c'est cela qui amène l'amitié des autres, l'assurance. C'est peut-être pour cela qu'il était tout seul, au camp hybride. Du moins, quand on pensait qu'il était hybride. Pas seulement parce qu'il avait un problème.

S'il prend confiance avec les humains, c'est de plus en plus difficile avec les hybrides. Quand il rentre de bonne humeur et que Tcheep lui sort un « salut, sale raciste ! », ou autres petites agressions verbales, ça a tendance à l'énerver de plus en plus. Son père a raison, il le sait. Dans le fond, la majorité des hybrides les détestent. Et certains sont plus vocaux que d'autres à ce sujet. Mais le rappeler constamment, c'est insupportable. Surtout quand ils se prennent intrinsèquement pour les victimes alors que quelque part, c'est eux qui sont violents, stupides, qui n'accomplissent rien dans leur vie et qui agressent les humains. Mais son avis, il préfère le garder pour lui.

Malgré sa colère grandissante, il est de plus en plus populaire, se fait de plus en plus d'amis, et parvient à intégrer le système scolaire normal à seize ans. Bien qu'avec de l'assistance à domicile. Cela dit, ses résultats sont tout bonnement catastrophiques. Il arrive à lire, mais il écrit extrêmement mal et fait des fautes titanesques. Il a beau avoir droit à des aménagements personnalisés, ses professeurs ne sont pas toujours tendres. Malgré tout, il a trouvé la motivation et travaille extrêmement dur pour arranger cela, notamment parce qu'il a promis à William de faire des études en cinéma avec lui.

Au fil des années, il a de moins en moins d'affection pour son père, et sa rancœur grandit de plus en plus. Pourquoi a-t-il seulement voulu l'élever, si c'était pour l'abandonner finalement ? Grâce à lui, non seulement il ne s'est pas intégré chez les hybrides, mais avec ses notes misérables, il n'arrive pas à s'insérer dans la société humaine non plus. Il commence à penser que les sauvages sont un véritable danger. Non seulement ils ne servent à rien, mais n'ont aucune éducation, sont violents, perpétuent une dangereuse haine des humains dans leurs petits cercles, et se permettent en plus de jouer les victimes. De plus, il est la preuve vivante que leurs deux « sociétés » ne peuvent coexister sans péril.

La dernière année, il travaille d'arrache-pied pour obtenir son diplôme de fin de scolarité et aller là où ira William l'année suivante. Il révise tous les soirs pendant toute la nuit, il se fait violence en se forçant à faire des exercices, il parvient peu à peu à faire moins de fautes, même s'il y en a toujours. Il apprend tous ses cours par cœur, se force à mémoriser même les détails, et augmente peu à peu sa moyenne de quelques points. Il obtient des encouragements de tous ses professeurs, qui voient à quel point il travaille dur, et il passe l'examen la boule au ventre... pour finir par le rater complètement. Même les rattrapages.

C'est la haine absolue, au point qu'il ne veut même pas redoubler. Il est complètement dégoûté, et bien sûr, toute cette colère se dirige avant tout vers les hybrides sauvages. Il a l'impression que tout est de leur faute et qu'il est leur victime. Il s'excuse envers William, qui devra aller faire ses études seul, puis qu’avec son bulletin, il n'intégrera certainement pas le même endroit que lui. Il décide de laisser tomber sa passion pour la cinématographie et de se diriger vers un métier le plus vite possible, afin d'entrer dans la vie active et qu'il puisse laisser sa scolarité de côté. Bien entendu, au vu de sa condition physique, il est très vite dirigé vers les métiers qui en nécessitent sans exiger de diplôme.

C'est presque naturellement qu'il choisit de devenir chasseur. Par pure et simple frustration. Le couple Crossman n'approuve pas forcément, eux qui aiment tant les hybrides. Tcheep, par contre, n'est pas surpris, et il passe quelques jours à lui envoyer des piques, plus encore que d'habitude. Dans tous les cas, Jonathan s'en fiche, il considère qu'il a une menace pour la société à éliminer. Peu importe ce que les adeptes de la tolérance disent, les sauvages sont dangereux pour tout le monde. Et puis, cela lui fera plaisir de voir un peu le désespoir dans les yeux de ceux qui lui ont gâché toute sa vie, son rêve, ses ambitions, et même sa santé mentale.

Il se teint les cheveux à nouveau, rachète des lentilles. Devant le miroir, il retrouve toute une partie perdue de sa vie. C'est comme si Fight était mort et venait de renaître, mais pas le même Fight, un Fight aux ambitions différentes. Quoi qu'il en soit, il n'a absolument aucun mal à se faire passer pour hybride. Cela doit venir des tics qu'il a hérité de son père. Ou du fait qu'il connaisse déjà tout son personnage, puisque quelque part, il a été hybride un jour. Il teste parfois sa couverture dans la rue, et aucun hybride ne parvient jamais à le démasquer, ou alors très rarement.

Il prend un nouvel appartement, comme pour marquer un nouveau départ. L'une des premières choses qu'il fait, c'est d'aller vérifier si son bon vieux camp est toujours au même endroit, au fin fond de cette gigantesque forêt. Et ô surprise, ô joie. Non seulement il l'est, mais il reconnaît quelques uns des gosses qui l'ont maltraité quand il était gamin, désormais adultes. Il jubile en organisant la rafle avec ses collègues. Il n'a probablement même jamais autant jubilé. Il est même complètement extatique, et cela lui ferait presque peur, car il assimile ces pulsions à une forme de sadisme.

Il rit dans sa barbe en voyant les hybrides tenter de fuir, pendant que les chasseurs, ultra équipés, les arrête tous rapidement. Il les reconnaît tous, mais aucun ne sait qui il est, lui. C'est un peu frustrant, mais il arrive à passer outre. Du moins, jusqu'à apercevoir une femme hybride avec de longs cheveux marron et des oreilles de loup, qui court le plus vite possible sans même lui adresser un regard. Il la reconnaît tout de suite. Jamais il ne pourrait l'oublier. Elle, visiblement, si. Et cela, cela le met dans une colère incroyable.

« Amee ! Au pied sale chienne ! » Gueule-t-il, ce qui la déstabilise. Elle se retourne. Elle l'aperçoit. Elle le reconnaît. Elle devient blanche et ne bouge plus.

Forcément, elle se fait choper tout de suite. Jonathan, lui, jubile encore plus.  Après la rafle, il obtient la permission de la garder pour lui, et il a l'impression d'avoir gagné le jackpot. S'il y a une, dans le camp, envers qui il veut se venger, c'est bien elle. Elle qui a osé se prétendre son amie pendant des années pour finir par lui tourner le dos. Les autres, il s'en fiche encore bien, ils n'ont jamais prétendu l'apprécier. Elle si. Bien dommage qu'il n'ait pas trouvé son père.

Et pourtant, à sa grande surprise, la première chose que fait Amee en rejoignant son appartement, c'est le prendre dans ses bras. Jonathan ne comprend pas. Cela le dégoûte même fortement et son unique réflexe est de la repousser de toutes ses forces. Elle vole dans le canapé, stupéfaite. Puis elle regarde au sol. Elle a l'air de se sentir très mal, ou très surprise. Au point que Jonathan en vient à se demander ce qu'elle s'imagine exactement.

« Je suis étonnée que tu sois devenu chasseur, Fight. Mais je... j'ai attendu tellement longtemps pour pouvoir te dire à quel point j'étais désolée. J'ai eu des remords jusqu'à aujourd'hui.

- Je ne te crois pas. » Dans le fond, il aimerait bien la croire, mais il n'y arrive pas. Il est persuadé qu'elle veut le manipuler. Elle ne peut pas avoir vu son camp se faire rafler et lui faire un câlin, juste comme ça, parce qu'il lui a manqué. C'est grotesque.

Au début de leur cohabitation, Jonathan fait comme il a prévu. Il l'assigne aux tâches les plus ingrates, l'humilie verbalement en permanence. Il ne lui fait jamais de compliments. Ce qu'il lui demande de nettoyer peut être aussi propre qu'il est possible de l'être, il trouve toujours quelque chose à redire, ne serait-ce que pour la décourager et la faire se sentir comme un moins que rien. Il tente de l'enfoncer plus bas que terre en lui rappelant tous les jours qu'elle n'est qu'un objet, qu'une chienne comme il dit.

Concernant son travail, il s'en sort vraiment bien. Enfant, il a appris toutes les techniques des hybrides pour cacher un camp, quels sont les endroits les plus propices pour trouver des nids, comment ils se camouflent, comment ils évitent les chasseurs. Il connaît toutes leurs astuces. En plus de se faire facilement passer pour l'un des leurs. Et cela lui sert pour se faire rapidement reconnaître, malgré son très jeune âge. Au point qu'il devient ami avec le directeur d'un centre d'élevage, monsieur Heston. Ils vont parfois boire des verres ensemble. Il en est à ce point.

Pourtant, Amee est très patiente. Elle voit parfaitement ce qu'il est devenu, à quel point il a l'air d'aller mal et de détester les hybrides sauvages ou rebelles, de la détester. Elle se fait traiter comme moins que de la boue, et pourtant, elle est toujours conciliante. Toujours gentille. Jonathan ne comprend pas. Il ne comprend tellement pas qu'il commence à se sentir coupable, puis très mal, et qu'il n'arrive plus du tout à la détester. Ni à l'humilier. Peu à peu, il lui parle normalement. Puis même gentiment.

Elle le remarque, alors, un jour, elle va plus loin. Elle reste très prudente, mais peu à peu, elle lui demande de faire des choses avec elle. Le mot correct, c'est qu'elle l'apprivoise. Par exemple, elle met de la musique, un soir, et l'invite à danser. Il se rappelle ses cours et accepte. Ils font une petite valse ensemble, dans le salon. Un autre soir, elle lui demande de regarder son film préféré avec elle. Encore un autre soir, elle lui prépare un petit déjeuner au lit sans en avoir reçu l'ordre. Elle multiplie les petites attentions et demande de plus en plus souvent à passer du temps avec lui.

Alors, finalement, la situation s'inverse, comme elle l'a espéré. C'est lui qui finit par être en demande. Il tourne un petit film amateur de quelques minutes, dont elle est la seule actrice. Il la prend en photo. Il l'emmène au cinéma, manger au restaurant. Il lui offre des cadeaux, comme des robes ou des parfums. Il lui propose d'aller se balader à deux le long de la promenade, non loin des quais. Il n'est pas bien difficile de s'imaginer ce qui arrive tout naturellement. Malheureusement, c'est aussi déconseillé par la loi, mais il n'est plus à cela près.

Leur première fois est un peu maladroite, bien trop maladroite même. Mais ironiquement, c'est sans doute l'une des plus belles choses qu'il ait vécu. Leur conversation sur l'oreiller ne lui fait d'ailleurs pas moins de bien. « Est-ce que tu me crois, maintenant ? », demande Amee. « Je veux dire, quand j'ai dit que j'étais désolée, tu ne m'as pas crue. Je le suis. J'aurais dû te défendre, mais je n'étais pas assez courageuse pour ça. Tu restais mon meilleur ami.

- Je te crois. Et je suis désolé. J'étais en colère, je t'ai mal traitée. J'ai été atroce avec toi et les autres. »

Il ne ment pas, il se sent terriblement coupable. Il a de moins en moins de conviction dans son travail. Il a l'impression d'avoir purgé presque toute sa rancœur, et il comprend désormais ce que les hybrides ont pu ressentir lorsqu'ils l'ont maltraité. Après tout, ce n'étaient que des enfants, il est peut-être temps qu'il apprenne à faire la part des choses. Son père s'est sans doute trompé lorsqu'il a dit que les hybrides sauvages les prendront toujours pour des oppresseurs. Il pense à démissionner, mais ce travail est, pour le moment, sa seule source de revenus. Or il faut qu'il ramène assez d'argent pour lui et Amee.

Et puis un jour, drame absolu. La jeune femme se sent mal depuis quelques jours. Elle fait un test de grossesse. Le résultat est comme on s'y attend. Comment est-ce arrivé ? Un accident total, apparemment. Au début, Jonathan s'en arrache les cheveux. D'abord, il n'a que vingt et un ans. La situation n'est pas au beau fixe financièrement. Et comment vont-ils cacher ce bébé ? Amee refuse catégoriquement de s'en débarrasser ou de le remettre aux autorités. Jonathan ne sait pas quoi faire. Et puis, sa compagne lui dit qu'ils cacheront cet enfant dans leur appartement. Que ce sera un secret.

Elle lui dit d'imaginer. Un petit être qui aurait à la fois le visage d'Amee et celui de Jonathan. Qui les appellerait papa et maman. Qui aurait des oreilles de loup et un talent pour la danse. Qui serait un grand sportif. Et peut-être qu'il accomplirait de grandes choses, qu'ils seraient fiers, tous les deux. Ils n'auront qu'à aller vivre en pleine campagne. Ce qui finit de le persuader, c'est quand elle lui demande de choisir un nom. « Si c'est un garçon, je dirais Matthew, et si c'est une fille... Louise ?

- C'est nul, Matthew. Je préférerais quelque chose comme Steven. Mais j'aime beaucoup Louise. » Ils passent un bon moment à se disputer pour savoir le futur nom de leur fils, mais ils sont au moins d'accord sur une chose. Ils ont envie de l'avoir.

Jonathan est certain de vouloir démissionner de son poste de chasseur. Il voudrait certes devenir réalisateur cinématographique, mais vu comme il écrit, ce n'est même pas envisageable. Il l'explique à Amee comme suit : « je ne peux plus soutenir ce système. Il faut que je pense à notre enfant et que je prône l'égalité entre humains et hybrides. Je ne peux rien faire moi-même, tout seul, mais je ne contribuerai pas non plus à la situation actuelle. » Il est plutôt déterminé, à ce moment-là, et il commence déjà les procédures pour s'engager dans les forces de l'ordre à la place.

Quand il voit le ventre d'Amee s'arrondir peu à peu, il est de plus en plus attendri. Il s'imagine déjà à quoi il pourra ressembler. Quand il pense à son fils ou sa fille, il ne peut s'empêcher de voir un petit enfant qui aurait les traits de sa mère, peut-être quelques uns des siens, mais de sa mère surtout. Il imagine comment il pourra jouer avec lui. Il passe parfois des demi-heures la tête posée contre le ventre à écouter son bébé, ou la main dessus, pour tenter de sentir les coups de pied. Il devient même complètement stupide quand il se met à parler au gamin à travers la peau.

Au bout de neuf mois, c'est l'accouchement. Ils ne peuvent aller à l'hôpital, bien sûr, tout comme Amee a passé tout ce temps enfermée à l'intérieur. Ils doivent donc l'improviser dans le salon. Forcément, cela se passe dans la souffrance et la galère. Heureusement, tout se déroule naturellement, et ils ne sont pas obligés d'appeler les urgences. Après des heures de souffrance, ils peuvent enfin découvrir si c'est un petit Steve ou une petite Louise. Jonathan n'a sans doute jamais eu un sourire aussi niais que quand il a vu ce petit bébé aux oreilles de loup.

« Bonjour Louise », dit-il au bébé en le berçant doucement. « Ma petite Louise... ma chérie... » il se sent un peu stupide, mais il est sincèrement heureux. Plus qu'il ne l'a jamais été dans sa vie.

Quelques mois plus tard, il a enfin démissionné. Et réussi à se faire engager dans la police. Il ne fait pas grand-chose, pour le moment, surtout la circulation ou autres basses besognes. Mais cela lui va mieux que de continuer à capturer des hybrides, alors que ce n'est pas bon pour l'avenir de Louise. Louise qui est désormais sa seule et unique préoccupation, avec sa compagne. Il fera tout pour les rendre heureux. Même s'il a l'impression qu'Amee est distante, en ce moment. Il ne pose pas vraiment de questions.

Et puis, sans prévenir, Amee ne rentre pas à l'appartement pendant un jour. Puis deux. Puis trois. Au bout d'une semaine, Jonathan commence à paniquer, et à chercher partout. Il dépose un avis de recherche au commissariat. Ses collègues lui disent de fouiller l'appartement, pour voir s'il n'aurait pas des traces de là où elle aurait bien pu aller. C'est ce qu'il fait. Il fouille tous les recoins, pour finir par regarder dans les affaires de sa compagne, puis dans la lingerie. Et là, dans un tiroir, il trouve un bout de papier plié. Il l'ouvre avec appréhension, de peur de découvrir quelque chose de terrible. C'est une lettre.

« Mon cher Fight,

J'ai plutôt aimé le temps que j'ai passé avec toi, je ne vais pas mentir. Du moins, quand tu ne me maltraitais pas comme un vrai connard. Mais le devoir m'appelle, et puisque tu n'es plus chasseur, je n'ai plus accès aux documents des chasseurs, non plus. Il faut donc que j'aille chercher quelqu'un de plus utile. Je n'ai rien contre toi, mais le vent se lève, et j'ai des ambitions. Il n'y a qu'une chose que je veux, c'est virer les humains de leur piédestal. Il y a des gens qui se battent pour cette cause, et je dois les aider. Rester avec un petit gardien des forces de l'ordre ne m'y servira pas. Oh, et fais retirer cet avis de recherche, je suis déjà loin de toute façon.

Prends soin de Louise surtout.

Amee. »

Il lui faut relire cette lettre au moins une dizaine de fois pour l'assimiler, tant il n'arrive plus à penser. Il reste figé pendant au moins trente seconde. Avant de grimacer. Puis de tordre son visage dans une expression atroce. La salope. Il froisse la lettre en serrant le poing et la jette dans un coin. Il ne sait plus trop s'il est furieux ou terriblement blessé. Sans doute les deux. Il fait un ou deux aller-retours dans la pièce. La salope. Il réprime un cri et cogne de toutes ses forces dans une chaise avec le pied. La salope !

D'un coup, il entend Louise pleurer. Et là, il n'agit absolument plus par raison. Son réflexe est de la prendre violemment et de la secouer. Puis il se rend compte de ce qu'il fait et s'arrête immédiatement. Heureusement, il ne l'a pas blessée. Du moins, c'est ce qu'il croit. Mais il est toujours en colère. Le genre de colère où on ne contrôle plus son propre corps. Il prend ses affaires, déboule vers sa voiture comme une furie, amène directement sa fille au centre d'élevage et la remet à son ami le directeur, prétextant un bébé abandonné, sans même penser à ce qu'il fait. Puis il retourne au travail retirer l'avis de recherche.

Il ne comprend pas comment il a pu penser une seule seconde que l'égalité est envisageable. Les sauvages restent des sauvages quoi qu'il arrive. Aucune éducation. Aucune empathie. Un concentré de haine pure envers les humains. Sauf qu'à présent, il a sait qu'ils peuvent être non seulement dangereux, mais aussi manipulateurs, vicieux, cruels. Il n'arrive pas à croire qu'on ait pu le tromper à ce point. Comment a-t-il pu être aussi con que ça ? Plus jamais il ne se laissera avoir de cette manière. Plus jamais.

Ses collègues le trouvent terriblement tendu les jours qui suivent. Pour cause, il est agressif. Il n'a plus envie de se rapprocher de qui que ce soit. Il traverse littéralement les cinq phases du deuil, et arrive rapidement à celle de la dépression. Il ne s'est jamais senti aussi vide que dans son appartement, à présent. Il n'a plus personne. Il passe un appel aux Crossman pour entendre la voix de « ses » parents. Il tente de ne pas pleurer avec le combiné devant la bouche, mais c'est l'épreuve la plus dure qu'il ait jamais passé. Il appelle William aussi, pour la première fois depuis quelques mois. Il a juste besoin de soutien.

Alors qu'il se traîne comme une loque, il aperçoit le berceau de Louise pendant quelques secondes. Un sentiment vient remplir à nouveau le vide de son cœur. Les remords. Il regrette terriblement d'avoir déposé sa fille à l'élevage. Peu importe qu'elle vienne de la pire salope qu'il ait rencontré. Comment a-t-il pu être aussi impulsif ? Il ne peut pas rester tout seul. Il a besoin de sa petite fille. Mais il ne peut plus rien faire à présent, à part la réserver pour quand elle aura seize ans. Quoique. Le directeur est son ami, après tout. Il pourra peut-être le baratiner.

Le résultat, c'est que non seulement il arrive à réserver sa Louise, mais il obtient un traitement de faveur pour elle, et aussi la possibilité de la voir régulièrement. Il aimerait mieux l'avoir avec lui, dans son appartement, mais il se dit que c'est mieux que rien du tout, après tout. Il vient au centre dès qu'il a du temps libre, c'est à dire un peu trop souvent. Les éleveurs sont un peu réticents à le voir influencer autant l'éducation de sa future hybride. Mais ils n'ont pas vraiment leur mot à dire, et tant qu'il est heureux avec.

Ces visites régulières le mettent de bonne humeur, et il n'est plus du tout agressif au travail. Tout le monde remarque le changement, et quand on lui pose la question, il répond par un mensonge bateau. Quoi qu'il en soit, il a beau être plus heureux, sa haine n'a pas diminué. Il compte bien retrouver cette salope et la mettre dans le pire centre de dressage qu'il connaisse. Accessoirement, il compte aussi mettre aux fers le plus d'hybrides qu'il peut et faire arrêter le plus de camps possibles. Mais pour cela, il faut encore qu'il monte en grade.

Il est de plus en plus poli et courtois, surtout auprès de ses collègues et supérieurs. Mais paradoxalement, de plus en plus secret. On croirait que s'il est toujours aussi respectueux, c'est avant tout qu'il refuse de se dévoiler, ou qu'on l'approche. Le résultat est plutôt le contraire, beaucoup de personnes le trouvent agréable. Mais ce n'est que le lui de façade, et peu à peu, il arrête complètement de dire ce qu'il pense. Son but est avant tout de se faire bien voir et qu'on lui foute la paix. Mais de se faire bien voir surtout. Il veut quitter le plus rapidement possible le statut d'agent de seconde zone.

Il voit sa Louise grandir. Il tente de lui faire répéter des mots. Le jour où elle lui dit « papa », il est le plus heureux au monde. Quand elle atteint l'âge de le faire, il tente de lui apprendre à lire, à écrire et à compter, autant qu'il le peut, puisque lui-même ne sait pas vraiment bien le faire. Les éleveurs ne le soupçonnent pas vraiment, ils pensent juste que cette personne a vraiment de drôles de hobbys pour traiter cette petite hybride comme sa fille. Il lui lit des livres, il lui amène des jeux, il lui offre de petits cadeaux.

Il se teint à nouveau les cheveux et reprend parfois l'identité de Fight. La raison ? Il n'est plus mal à l'aise en présence d'hybrides. Cela va plus loin. Il est absolument tétanisé par eux, du moins, quand ils savent qu'il est humain. Pourtant, il n'en montre rien, mais à l'intérieur, il ressent un mélange de panique et de malaise absolu. Pouvoir prétendre être un hybride serpent, cela lui permet de se détendre un peu en leur compagnie. Et puis, Fight a toujours été lui, en quelque sorte, une sorte d'autre lui qui vivrait dans son corps. Son impression est un peu difficile à expliquer.

Il est de plus en plus apprécié par ses collègues. C'est peut-être un résidu de ses cours de danse, et de l'exemple qu'il a pris de son professeur. Il sait exactement comment se faire bien voir. Il faut être poli, assuré, avoir confiance en soi et paraître bienveillant. Il faut écouter, se montrer compréhensif, et complimenter. Il n'a pas vraiment de souci à le faire, à vrai dire. Quand il se fait passer pour Fight et qu'il va tester sa couverture en parlant aux hybrides, il a l'habitude de se créer un personnage. Au bout d'un moment, il dit ce qu'il faut dire de façon mécanique.

Le souci, c'est son orthographe. A cause d'elle, il est souvent la risée de tout le commissariat, surtout de ses supérieurs. Heureusement, ils plaisantent gentiment. Alors Jonathan fait preuve d'auto-dérision. Mais au fond de lui, il enrage. S'il n'y avait pas eu de sauvages, si la société avait été bien en ordre, probablement qu'il saurait écrire, qu'il aurait été réalisateur ou qu'il aurait pu faire un quelconque métier par passion. En fait, peut-être qu'il pourrait être pris au sérieux tout court. Qu'on le prenne pour un guignol à cause de ces putain d'hybrides, ça l'enrage.

Mais ce n'est pas son orthographe misérable qui l'empêche de monter dans la hiérarchie. Et outre ses autres travaux en tant qu'agent des forces de l'ordre, il permet d'arrêter et de rafler certains squats et nids d'hybrides grâce à ses connaissances en la matière. Et aussi parce qu'il est vraiment doué pour s'infiltrer parmi eux. Quand il joue son personnage, c'est à peine s'il n'y croit pas lui-même. Il vit de moins en moins pauvrement, et il attire de plus en plus le regard de ses camarades. Notamment celui d'une femme, l'une de ses collègues, qui s'appelle Emily Green. Plus belle que laide, avec une très grande crinière rousse et de petits yeux marron.

C'est surtout elle qui le drague. Lui se contente d'être comme il est d'habitude. Il faut dire qu'il n'a pas très envie de se lancer dans une nouvelle relation, et qu'il ne s'intéresse plus trop aux femmes. Louise est et restera le centre de ses préoccupations, et il a l'impression qu'il n'y aura pas de place pour quelqu'un d'autre. Cela dit, il est assez flatté de ces avances, et il y répond gentiment, sans laisser trop d'espoir. Il apprécie assez quand elle vient lui parler ou quand elle lui ramène le café. Mais définitivement, il ne pourra pas se relancer dans une amourette.

Il voit sa petite chérie devenir de plus en plus grande. A cinq ans, elle est la plus jolie petite fille qu'il ait jamais vu. A huit ans, elle ressemble à un ange à ses yeux. Dès qu'elle le voit arriver en visite, elle se jette vers lui en courant. Elle l'appelle toujours papa, et elle lui dit qu'elle l'aime. Elle est son trésor. Parfois, il la filme en train de jouer avec lui, et il conserve les vidéos. Il en a une de quand il lui a appris à marcher en la tenant par les mains, de quand ils ont joué à chat, à un deux trois soleil, de quand il lui fait les cours pour qu'elle apprenne à lire et écrire, qu'elle ne veut pas, fait une crise et se déconcentre. Il les monte sur son ordinateur pour les regarder de temps en temps.

« - Papa, c'est quand que tu vas m'emmener hors d'ici comme tu l'as dit ?

- Bientôt ma chérie. Je vais t'adopter et tu pourras rester avec moi. Je vais même trouver un moyen pour que tu fasses des études...

- Tu l'as déjà dit. Mais là, j'ai juste envie de sortir d'ici pour le faire tout de suite. On ne peut pas ?

- Pas encore. Bientôt. »

Mais un jour, c'est le drame. C'est le jour de ses dix ans. Lui en a trente-et-un. Il arrive au commissariat comme tous les matins. Tous ses collègues semblent agités. Il demande ce qu'il se passe, et on parle vaguement d'une attaque d'hybrides sauvages. Il cherche des détails. Il met du temps à en trouver, mais il entend vaguement que c'est sur un centre d'élevage. Là, il commence à paniquer un peu. Il demande frénétiquement lequel à tout le monde. Finalement, après avoir trimé, il finit par l'entendre. C'est bien ce qu'il craint. C'est celui de Louise.

Il quitte le travail en trombe sans même s'excuser et se rend immédiatement sur les lieux. D'autres équipes sont déjà sur place. Il débarque comme une furie et hurle qu'on lui dise où est l'hybride qu'il a réservé. On a beau lui dire de se calmer, rien n'y fait, il est paniqué, et il a l'air complètement furieux. Pour cause, il l'est. Quand il hurle pour demander où est Louise, on lui dit simplement de patienter. Il refuse et la cherche partout.

Elle a disparu. Une attaque d'hybrides sauvages, qui ont libéré plusieurs de leurs congénères, et Louise en fait partie. Elle a disparu. Pour Jonathan, c'est comme si on l'avait achevé. C'est définitivement la pire chose qui aurait pu arriver. A croire que le sort s'acharne. Il passe toute la journée et toute la nuit à la chercher partout en hurlant, jusqu'à l'aube. Dès qu'il rentre chez lui, la première chose qu'il fait, c'est se saouler jusqu'à la mort et s'étaler sur son canapé. Et les jours qui suivent, il fait la même chose. Des recherches acharnées pour finir dans le dépit total.

Au bout de quelques mois, sa panique et ses recherches acharnées se transforment en fureur. Toujours dirigée vers le même groupe de personnes. Ces anarchistes ont pris sa fille. Ils l'ont menée on ne sait où. Si ça se trouve, ils l'ont blessée. Où est-elle ? Est-ce qu'elle va bien maintenant ? Il va les retrouver. Il va la retrouver et il va tous les buter un par un. Enfin non, il sait bien que cela, il ne le fera pas. Mais il va les arrêter et les confier au centre de dressage le plus sordide qu'il connaisse. Il ne peut pas les laisser aller librement.

Au bout d'un an ou deux, il est complètement découragé. En colère. Dépité. Il n'en laisse rien paraître. Il est toujours poli, courtois, gentil, respectueux. Mais Emily, qui l'observe tous les jours, le remarque. Elle est la seule. Elle lui propose de parler s'il en a envie. Il ne le fait pas, mais il répond tout à fait autrement. Il l'embrasse langoureusement. S'il l'aime ? Non. Il tente juste de compenser du mieux qu'il peut, et en l’occurrence, il lui faut absolument de la compagnie. N'importe laquelle. A la différence que celle-là, il ne la laissera pas filer comme les autres.

Emily vient s'installer chez lui. Le début de leur relation est une vraie idylle. Jonathan la comble de compliments, il lui offre des cadeaux, il l'emmène souvent sortir. A ses côtés, elle a comme l'impression d'être spéciale. Comme il n'a de cesse de la traiter comme une œuvre d'art, comme une fleur délicate, et qu'il semble ne s'occuper que de son plaisir, elle a l'impression de pouvoir complètement se reposer sur lui. Cela lui semble comme une histoire sortie des contes de fées, il a l'air d'un véritable prince charmant.

Au commissariat, il est toujours apprécié, mais de plus en plus poli. Et de plus en plus poli, ça veut dire qu'il est de plus en plus faux. Même s'il n'est pas aussi nonchalant que d'habitude. Quand l'un de ses collègues, un imbécile très lourd, vient une énième fois se moquer d'une de ses fautes, il lui répond en lui disant d'aller bien se faire foutre. Ce qui surprend et effraie un peu l'assemblée. Il tente avant tout de faire son boulot du mieux qu'il peut, même s'il doit s'éprouver à la tâche. Ce qu'il veut faire, c'est obtenir assez d'influence pour mener de grandes opération anti-sauvages. Mais cela, ce ne sera pas avant longtemps.

Un jour, Emily s'absente pendant une semaine pour rendre visite à ses parents, et casse son chargeur de portable. Elle n'a rien pour prévenir Jonathan. Quand elle revient, elle a droit à la crise la plus impressionnante et la plus terrifiante qu'elle ait jamais vu. Quand elle voit l'homme qu'elle aime, d'habitude si poli, si gentil, devenir un monstre de violence pour une raison aussi futile, elle prend peur et n'ose absolument rien dire. C'est certain que passer de princesse à salope manipulatrice, c'est tout de même un choc.

Leur relation se dégrade lentement pour devenir de plus en plus toxique. A chaque fois qu'il s'imagine qu'elle a pu le tromper, ou vouloir partir, Jonathan se met à hurler et à l'insulter, à la rabaisser plus bas que terre, à lui dire qu'elle a de la chance qu'il ait bien voulu poser les yeux sur elle alors qu'elle est si laide et si stupide, à jeter violemment des objets. Quand elle pleure, s'enfuit ou réplique, il redevient un agneau, il s'excuse, il lui dit qu'il l'aime et que sans elle, il n'est rien. Il va jusqu'à dire, un jour, qu'il mettra fin à sa vie si elle part.

Emily ne sait plus rien discerner. Elle se demande si ce n'est pas de sa faute, puisque chaque fois qu'il l'insulte, c'est à cause de quelque chose qu'elle a fait. Il se justifie tellement bien qu'elle n'arrive plus à savoir si elle a raison ou tort. Elle s'imagine que pour qu'un homme si gentil, si bienveillant, devienne tout à coup une furie, elle doit être une grande partie du problème. Ou alors, il doit avoir des soucis, se sentir mal. Elle lui cherche des excuses en permanence. Quand il lui hurle dessus, elle est certaine de vouloir partir. Puis, quand il lui envoie des messages larmoyants qui la supplient de rester, elle doute à nouveau et revient. Cela dure des années.

En 2050, Jonathan atteint ses trente-sept ans. 2050, c'est l'année marquante à Londres. Celle où les hybrides du Watcher, ce chef anarchiste pseudo-révolutionnaire, décide d'envoyer ses larbins tout casser. L'homme aux cheveux verts se souvient parfaitement où il était à ce moment. Au commissariat, c'était la débandade, et on a décidé de l'envoyer en renfort. Il se souvient d'avoir vu toute sorte de larves à capuches débarquer avec leurs bombes de peinture et leurs battes pour casser des vitre, taguer les murs et jeter des pétards. Les frapper a été tellement satisfaisant.

Seulement, ce n'est pas cela qui l'a marqué. Parce qu'au détour d'une avenue, il croise une jeune fille. Pas n'importe quelle jeune fille. Environ quinze ans. Des yeux qui, selon lui, sont la plus belle chose qu'il ait jamais vu dans sa vie. De longs cheveux marron. Des oreilles de loup. Une jolie robe surmontée d'une capuche qui ne lui va pas du tout. Un visage de poupée qu'il aurait reconnu dans la foule d'un événement sportif international. Et une bombe en main. Une putain de foutue bombe de peinture de merde en main.

« Louise ! » Hurle-t-il en se jetant vers elle. Elle est interloquée. Elle se retourne. Quand elle le voit arriver, elle est d'abord stupéfaite. Elle ne bouge pas. Jonathan tend sa main. Il va réussir à l'attraper. Il ne va pas la laisser filer. Quand les informations semblent enfin monter au cerveau de la jeune fille, son réflexe est simple. Courir. Jonathan ne sait toujours pas aujourd'hui si elle a pris peur à cause de son uniforme, ou si c'est parce qu'elle l'a reconnu. Mais il la poursuit. Peu importe s'il doit s'écarter de sa mission.

Ils s'engouffrent dans des ruelles et font un parcours impossible jusqu'à-ce qu'elle parvienne à le semer. Probablement qu'elle a hérité de ses capacités sportives. Jonathan a envie de pleurer, mais il n'abandonne pas, il va la retrouver et il va l'adopter de gré ou de force. Il sait ce qui est bien pour elle, et il est hors de question qu'elle se fasse endoctriner par ces sauvages dégueulasses, ces anarchistes dangereux et vicieux. Ils vont la détruire, il le sait. Pourquoi elle le fuit ? Elle a tellement voulu partir avec lui. Pourquoi ?

A force de courir, à bout de souffle et de nerfs, il aperçoit le bout du tunnel au bout d'une autre ruelle. De longs cheveux marron, des oreilles de loup. Il ne remarque pas tout de suite que ces deux personnes n'ont pas les mêmes vêtements. Il court simplement à en perdre haleine pour aller saisir celle qu'il voit par l'épaule et la retourner, l'attraper de toutes ses forces pour ne surtout pas qu'elle s'échappe, maintenant qu'il a mis la main dessus.

« Louise ! Pourquoi tu fuis ? C'est moi, je suis ton... »

Ce n'est pas Louise. Elle est plus vieille. Un peu plus grande. En la voyant, Jonathan a d'abord un moment de vide. Puis, peu à peu, la colère monte. Jusqu'à-ce qu'il ait l'impression d'en mourir. C'est elle. C'est cette vieille salope d'Amee. Il serre les dents, on verrait presque ses veines apparaître sur sa tempe. A ce stade, il ne raisonne plus du tout. Pour lui, tout est limpide. C'est de sa faute. Il a très envie de la cogner, mais ses phalanges se contentent de se serrer autour des épaules de l'hybride. A un moment, elle a l'impression qu'il va les lui briser. Au lieu de ça, il se contente de la retourner, de la maîtriser, et lui passer les menottes.

« Où est ma fille ? » Demande-t-il très calmement.

« Louise n'est pas ta fille », répond-t-elle. Moment de vide total dans l'esprit de Jonathan. Vide qui se change en colère encore plus violente. Destructrice.

« - Espèce de salope ! Sale pute ! » Hurle-t-il à s'en détruire la voix. « C'est ma fille ! Rends-moi MA fille !

- C'est toi qui l'a mise au dressage !

- A cause de toi !

- C'est toi qui l'a fait et seulement toi. J'avais espoir quand j'étais gamine, mais t'es bien la preuve que les humains sont tous les mêmes, Fight. »

Ces mots sont d'une telle ironie qu'il les prend comme un coup de poignard. Il n'a pas besoin de réfléchir une seconde pour lui coller une droite de toutes ses forces dans la mâchoire. Amee s'écroule sur le sol de la rue. Elle est stupéfaite. Ses mots sont complètement ôtés de sa bouche. Jonathan, lui, est étonné d'à quel point cela lui fait du bien. Il ne devrait pas se sentir aussi soulagé d'avoir frappé une femme, mais il ne peut s'en empêcher.

« Qu'est-ce que tu lui as dit pour qu'elle te suive ?! » Hurle-t-il.

- La... la vérité. Que c'est toi qui l'a mise au dressage... que tu étais chasseur avant, que tu passes ton temps à arrêter des hybrides... que tu m'as maltraitée et que tu es pro-esclavage... » elle n'arrive plus à continuer, quand elle croise son regard furieux. Elle pense qu'il devient fou.

« Non seulement je vais t'arrêter, mais je vais aussi te faire buter si tu me rends pas ma fille. Rends. Moi. Ma. Fille », martèle-t-il.

« Tu... t-tu ne l'auras pas ! Et... de toute façon, elle est loin...

- Je vais la buter, putain je vais la buter ! Salope ! » Il hurle comme un démon et donne un coup de pied dans une benne à ordure. Amee commence à paniquer.

« Tu sais quoi, sale pute ? » reprend-t-il d'une voix tremblante, après s'être défoulé sur les poubelles. « Je vais fouiller les casiers judiciaires et te trouver le pire maître possible, celui qui aura commis les pires maltraitances et violences sexuelles sur hybrides. Et c'est lui qui t'aura. » Il bluffe. Mais il veut juste la terrifier par tous les moyens.

« Et... après ça... tu t'imagines... que je vais te donner Louise... » Bafouille Amee.

« Tu ne vas pas me la donner ! Tu vas me la rendre ! Tu me l'as volée ! C'est ma fille, la mienne ! » Amee est tétanisée. Mais dans un accès de courage, elle avale sa salive et parvient à reprendre la parole.

« Elle est épileptique, Fight.

- Quoi ?

- Elle est épileptique. D'après son dossier au centre, ça vient de légères lésions cérébrales et ça date d'avant son entrée. Qu'est-ce que t'as fait ? » Jonathan ne se souvient pas du tout qu'on l'ait informé d'une telle chose, ni d'avoir jamais fait quoi que ce soit qui puisse provoquer des lésions. Il assume immédiatement qu'Amee ment, et cela le met dans une colère plus noire encore.

« Arrête de me prendre pour un con ! »

Il lui faut un long moment à se défouler, à hurler et à terrifier l'hybride à ses pieds pour qu'elle se décide à lui donner un indice. Il y a le numéro du portable volé de Louise dans sa poche. Complètement hors de contrôle, Jonathan saisit Amee violemment pour récupérer le papier. Il compose frénétiquement le numéro et il attend, fébrile... pour tomber sur un répondeur joyeux, énoncé par une jeune fille qui doit certainement être la petite hybride. Il décide de laisser un message d'une phrase, qu'il ne parvient qu'à prononcer difficilement.

« Louise, ma chérie, c'est papa... rappelle-moi... »

Elle ne rappelle pas.

Il fait tracer le portable. Il le retrouve dans une benne à ordure. C'est alors avec plaisir qu'il confie Amee, comme il l'a prévu depuis longtemps, au pire centre de dressage qu'il connaisse. L'année qui suit, de nombreux changements s'opèrent, dont la naissance de la brigade de Londres, lancée pour contrer ce Watcher et ses larbins. C'est tout naturellement qu'il décide de s'y engager. Ils sont un trop grand danger. Se spécialiser dans l'arrestation des hybrides est l'unique façon de récupérer sa fille. Et éventuellement, de démanteler ce réseau de merde qui l'a endoctrinée. Afin d'aider un peu la société.

Il est de plus en plus obsédé par son travail et s'occupe de moins en moins des gens qui l'entourent, surtout de sa petite amie. C'est presque comme s'il l'avait totalement oubliée. Emily, poussée par ses amis, demande la rupture, et ce définitivement. Leur relation est devenue bien trop toxique. Sans surprise, Jonathan s'en fout. Il ne tente même pas de la retenir. A vrai dire, il ne conserve aucune véritable relation qui ne soit pas formelle. Il n'a l'esprit occupé que par deux choses. Rétablir l'ordre, et sa Louise.


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Zayn J. Lowell
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Petit commentaire ♥

✿ Je n'ai vraiment rien à redire! Enfin si j'ai plein de choses à dire uu Je crois que de toutes tes fiches c'est celle qui m'a le plus ému, mais ça c'est un gout très personnel! J'ai beaucoup aimé ta fiche! Son histoire est vraiment original , c'est rare d'avoir un personnage qui ait vécu dans les deux "mondes" vraiment et son point de vue est très intéressant surtout dans le sens qu'encore une fois tout se construit vraiment par rapport au fil de l'histoire! On ne peut pas comprendre Jonathan à mon sens, sans lire son histoire! Et aucuns éléments n'est inutiles tout est important! Je vais éviter de te faire un pavé mais dernière petite chose peut être... Je hais Amee mais ça c'est très personnel uu On peut la comprendre mais pour moi ce qu'elle a fait est horrible même si Jonathan a tout à fait sa part de faute et que je le trouve même un peu naif d'avoir cru en Amee après ce qui s'était passé. Je ne sais pas pourquoi mais le bout qui m'a vraiment le plus touché c'est quand il apprend que c'est lui la cause de l'épilepsie de sa fille. C'est vraiment prenant comme bout. Bref j'ai vraiment adoré ta fiche surtout l'histoire et le physique m'a un peu fait baver uu Cravate, grand bon trop grand mais GRAND uu etc etc c'est tout ce que j'aime (commentaire inutile) Brefouille!! Je m'arrêtes là c'est avec grande joie du coup que je te valide! ♥

Dernier mot... C'est long mais purée faut lire ta fiche!!! Elle est juste géniale **



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L'on te souhaite une bienvenue officielle et amuse toi bien parmi nous sur Dear Hybride ! ♥

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